L’œil à l’affût

Savoir regarder : les surprises en promenade.

Mise au point : la balade à pied ne prend qu’un L. Je ne l’ignore pas. Mais j’aime tant ce terme de baLLade, poème, récit en vers ou morceau de musique que je fais la faute sciemment. Ne m’en veuillez pas.
Parce qu’il a beaucoup plu, que tout le monde en a marre, on croit qu’il n’y a rien à voir. Le regard grisaille tout. Il est las. Circulez, il n’y a rien à voir, tout est trempé, boueux, gris ou marronnasse, tout est beurk… Qu’on croit !
On regarde où l’on met les pieds. Puis l’œil zoome. Il fait ça tout seul, parfois. On est déjà quelques mètres plus loin et l’œil ordonne : on fait demi-tour. (On lui obéit au doigt et à l’œil)
On regarde, longtemps. On veut comprendre. Il y a à voir, à déchiffrer. Une perspective dans la fonte. Étrange point de fuite vers le centre. La passion des signes et des écritures est aiguisée. Des hiéroglyphes = gravé, sacré. La porte d’un temple à jamais scellée.
Plus loin, dans un jardin, on restera mal à l’aise et fascinée par ce que peut produire la nature. Mais que fait cet arbre ? Et d’abord est-ce un arbre ? N’est-ce pas une bête fantastique ?
Une bataille perdue par un pauvre bananier sur lequel l’hiver a fait ses dents. Quelque chose va mourir, est déjà mort dont la matière nous échappe : bois ? cuir ? ferraille ? Et une tige arrive avec une vigueur qui dit : “Pousse toi, c’est mon tour !”. Elle, elle est végétale. On verra bien. Il faudra revenir dans quelques jours.
Sur un mur, ce lierre a des fantaisies toutes printanières : ce bicolore est très chic, pimpant, repeint de frais, tapisserie pour cuisine en plein air.
Enfin, il y a ce mot qui me revient de si loin : les chatons que font certains arbres. Ce mot m’émeut. J’aime l’idée qu’un arbre produise des chatons au printemps. On imagine des centaines de petites queues de chats miniatures. Il y a un arbre à chatons en face de chez moi, en pleine forme, ça miaule de partout.

Alors, vous comprenez, il faut réveiller les yeux, les sortir de l’hiver, enlever les lunettes de l’ennui.
Ne pas avoir les yeux dans sa poche. Ne pas tourner de l’œil mais se le rincer. Laissez les choses taper dedans sans y mettre le doigt sinon au beurre noir et merlan frit ! Du coin de l’œil mais l’œil en coin. À l’œil nu sans coquetterie (dedans), y risquer un œil…
Tout un programme !

 

Allez, Django, Les yeux noirs ! Bleus, verts, jaunes, noisette !

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