” Tu es d’air et de larme et je suis sur la terre “

Sabine Dewulf, une résonance particulière. Je découvre son écriture et ce n’est pas une surprise : bien sûr, elle écrit comme ça ! Mais c’est une émotion, une mélancolie bien douce. Pas de narcissisme, pas de copinage. De l’admiration et une proximité.

Chère Sabine,

Nous ne nous sommes jamais rencontrées mais nos chemins se sont croisés tant de fois ! Alors oui, nous nous connaissons. Nous nous reconnaissons. Dans nos goûts littéraires – notamment notre admiration pour Raymond Farina à qui vous avez consacré un bien beau livre dans la collection Présence de la poésie, Éditions des vanneaux –
Je vous vouvoie mais quand je pense à vous, quand je vous lis, je te tutoie. Je te tutoie comme une sœur et parfois comme ma fille aînée.
Quand je lis lentement l’on devine au grillage de pluies / le cri bleu des fenêtres, je suis touchée dans le premier sens du terme, comme lorsqu’en voyant la même chose que le compagnon ou la compagne, on lui touche le bras et cela suffit. Sabine, je suis si proche des enjambées de tes mots, de ta présence au monde, de ton ” être sur la terre ” !
Tu feuillettes la mer et ses moindres écailles
Mais les vagues se froissent

Je ne compare pas – nous sommes uniques – Je capte ta distance. Je laisse tes portails mystérieux, tes nimbes, tes limbes qu’accompagnent si bien les suggestions de Caroline François-Rubino.

Je m’arrime à tes quais quand le temps est gros. La plaine cicatrise autour d’un seul rocher… Sœur de tes pensées fripées, compagne de l’abstrait et du concret qui ont tout à voir ensemble, cet entre-deux bleu gris, ce peu de mots pour l’essentiel illisible.

Ce que je sais, c’est qu’il s’agit de présence et d’absence. Et l’on ne sait plus si l’absent-présent, c’est nous-même ou un autre, l’Autre.

Il te reste à creuser dans la langue d’alliance
un sentier plus curieux qu’un ruisseau de syllabes

 

Tous les passages en italiques sont extraits de Et je suis sur la terre de Sabine Dewulf – Aquarelles Caroline François-Rubino – Éditions L’Herbe qui tremble, 2020

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