Il y a des jours… À cette heure, je devrais être dans le ferry pour l’île. Il ferait beau. Je me promènerais sur les ponts. On longerait Andros. On croiserait des bateaux… Ce conditionnel (si j’avais pris l’avion ce matin, si j’étais dans le ferry…) m’accompagne aujourd’hui. Il faut que j’arrête. Je suis ici : le merle vient de prendre son bain sur le balcon. J’ai des vagues dans la tête et la tête vague.
Autre sujet de chouinage – le mot n’existe pas mais ici, tout le monde connaît le verbe chouiner et aussi chniouquer – il fait trop beau, comme ils disent tous ! AH IL FAIT BEAU ! Et ça va durer. Le nombre d’arbres en stress hydrique est incalculable. Je sais bien que sur le calendrier, l’été s’arrête le 21 septembre mais dans la vraie vie, les températures changent vers fin août. Enfin, elles changeaient. Là, on se paie des 31° et 45° dans les bagnoles. Je ne râle pas, je déplore. On s’interroge également sur des deuxièmes nichées d’oiseaux à cette époque.
J’aime le soleil mais disons le : trop, c’est trop !
Troisième sujet de moral en berne : la cochonnerie de virus qui reprend du poil de la bête. Alors, je sais : enfumage, masques vs anti-masques, vaccin, tests, asymptomatiques, tohu-bohu et brouhaha, tout et son contraire, tout le monde sait tout mais ne dira rien. Et inversement. N’empêche ! On fatigue… Ça pourrit la vie, on attendait la fin : et pour nous, à Bordeaux et dans la région, si les journalistes font leur boulot et qu’on leur donne les bons chiffres, c’est moche ! On n’a pas vraiment peur mais huit mois de tension, c’est long. Il y a plus malheureux : ça vous console ?
Et enfin, last but not least : demain ouverture de la chasse. Je mourrai en n’ayant pas compris quel plaisir peut prendre quelqu’un à appuyer sur la détente et voir un animal mourir. Un oiseau, un chevreuil, un lièvre, un sanglier… PAN ! T’es mort. Demain, le cauchemar des bêtes sauvages commence. Pas de photo.
Fin du billet des lamentations.
Tu as oublié que Mbappé est positif et que c’est dur pour le tour de France.
Ha oui ! Et que notre cher président a failli s’étouffer dans son masque.
Non, j’ai bien pensé à toutes ces catastrophes mais mon billet devenait trop long. Ceci dit, j’ignorais que Mbappé était coureur cycliste (ah ah ah !).
Pour Manu, j’ai piqué un fou rire en le voyant enchaîner avec une maestria époustouflante TOUT CE QU’IL NE FAUT PAS FAIRE : pas de doute, c’est le meilleur !
C’est bien que tu aies ajouté du chagrin au chagrin. Merci.
Je compatis de plus en plus… l’absence de Grèce me tord le cœur, les grosses chaleurs sont une calamité pour la planète, et moi qui aimais tant le solei, voilà qui me fait du mal…. le COVID et tous ses spécialistes qui se contredisent sans cesse , c’est une cacophonie exaspérante…. mon médecin me dit de porter un masque dans les lieux clos, de me laver les mains et de fuir tous les médias quels qu’ils soient. Mais y en a marre . Je chouine avec toi.
Quant à la chasse !
Que ce partage amical allège nos couinements !!!!
Chouinons ensemble, ma chère Joëlle, et quand nous nous serons mouchées dans notre coude, éclatons ensemble d’un rire franc et massif !
P.S. : j’ai un doute sur l’accord avec le pronominal… Encore une raison de gémir !
Billet virtuose avec ce texte molto appassionato apaisé par le long soupir de la nymphe et la basse obstinée ! J’aime à la folie ce madrigal avec l’introduction de «Phoebus qui n’avait pas encore apporté le jour au monde ». Soyons patients donc….et merci, Claire, pour cette consolation musicale.
Dans le difficilement supportable, comme la chasse en ce moment, je pense aux doux personnages d’Isaac B. Singer qui chantent le Kaddish devant la mort d’un papillon ou la chute d’une feuille.
Je chouine avec toi pour les mêmes raisons , Claire, et ( j’allais dire ” de surcroît”, mais ce serait inexact), j’ai commencé récemment ma 80ième année .Ce qui m’amène à te dire ceci , très important : n’envisageons pas (ou plus), de nous revoir , surtout avec des masques ; gardons nos souvenirs l’une de l’autre, je te suis sur “les tempes du temps”, si bien nommées, nous avons des téléphones, des ordinateurs, éventuellement des photos , et surtout des sensibilités communes : pourquoi chercher autre chose?
Ta présence indéfectible m’est précieuse , telle quelle . Désolée de finir sur ces mots un peu durs . J’ajoute donc ton beau prénom : Claire.
Très chère Michèle,
Je comprends parfaitement ce que tu m’écris et suis entièrement d’accord. C’est une décision courageuse, elle te ressemble. Ce que je garde au coeur de toi, de ces années passées ne seraient en rien agrandies, élargies par une rencontre. C’est là. Ca existe. C’est fort.
Comme tu le dis, nous pouvons rester en relation par tant d’autres moyens !
Alors oui, continuons à nous parler, nous écrire, de loin en loin mais si proches.
J’espère que tu sais la place que tu as tenu – et cela traverse le temps – à l’époque où cette jeune femme, notre professeur de français, rencontrait, écoutait, encourageait ces adolescentes turbulentes et affamées que nous étions. Quelle admiration nous avions pour toi ! C’est intact.
Avec mon amitié inaltérable.