Le visage : ce que l’on voit… ce qui voit puisque porteur du regard. D’ailleurs le mot vient du latin VIS = vu (que l’on retrouve dans vis-à-vis)
L’on peut dévisager l’autre, l’on peut envisager l’avenir.
Le visage n’est pas la figure. La figure est une forme qui peut être géométrique ou emblématique ou… tutélaire ; c’est une image.
Brancusi La Muse endormie
Ce n’est pas non plus une face encore moins un faciès (suivez mon regard !).
Non plus, le minois ou la frimousse, c’est daté, ça !
Une physionomie : oui, pour l’expression du visage, peut-être. Mais ça sent la science.
Alors, un visage, qu’est-ce que c’est ?
C’est la margoulette – qu’on se casse – ?
C’est la binette – qu’on a drôle ?
C’est la tronche – qu’on fait drôle (cf. tu fais une drôle de tronche ! )
C’est la bobine, la bouille, la fiole, la poire ?
Nooooooon… c’est pas la gueule, quand même ?
C’est pas la femme de Bertrand, pas la femme de Gontrand ni celle de Théophile, refrain célèbre.
Non, le visage, c’est ce qui parle pour quelqu’un, tout comme les mains…
Visage mobile ou immobile, figé ou mouvant, ridé ou tout lisse.
Un groupe célèbre, au centre, vous avez reconnu…. Autour, des visages attentifs, sereins, crispés, des visages présents
Une épiphanie de visages. Ce qu’il y a dans un viseur. Une mise en scène de visages. Un scène. Une Cène.
Et puis, dans sa folle pureté, l’extrême du visage : un ovale, un menton, un nez, un cou. Une ébauche de sourcils.
On sait qu’il y a quelqu’un.
C’est l’absente présence.
C’est l’abstraction.
On est en Grèce, entre 2800 et 2300 avant le Christ.
Allez, youps tra la la la.
Regardez bien les visages autour de vous. Lisez les. Lisez vous.
Et pour remercier Martin de l’image hellène, un p’tit Trenet, ça fait pas de mal. Et pardon pour les zimages, c’est la seule version que j’ai trouvé.
Très belles sculptures, et aussi et surtout je suis ravie de revoir cette photo de la cène avec les magnifiques visages de ses apôtres et apôtresses. J’aime
terrrriblement les visages 🙂
Ola, Lucie
Bon, tu auras compris que “mes” visages font écho aux “tiens”. J’avais réellement oublié que tu avais écrit sur le sujet !! Il est si vaste et il y a tant à dire !
Je connais ton goût (très sûr) pour rendre ces mouvements intérieurs.
Bonne journée à toi
Henri Michaux dessinait aussi. pierre Martin écrit dans sa biographie : En 1945, sa conception du portrait, ou plus exactement du visage avait été au centre de ce qu’il appelait le
“fantômisme”.
Et Henri Michaux écrit :
“Dessinez sans intention particulière, griffonnez machinalement, il apparaît presque toujours sur le papier des visages. Il y a un certain fantôme intérieur q’uil faudrait pouvoir peindre, et non
le nez, les yeux, les cheveux qui se trouvent à l’extérieur… souvent comme des semelles. Un être fluidique qui ne correspond pas aux os et à la peau par-dessus, que nous voyons aussitôt. Aucune
ressembla,nce avec la modèle, mais parfois une autre, chargée celle-là et presque hallucinatoire.”
J’aime bien ce texte que j’ai mis dans mon livre et qui convient merveilleusement à ton papier, claire.
A bientôt, bientôt
Ahhh que c’est bien “l’être fluidique” !! Je ne connaissais pas ce texte. Il sort d’où ? Effectivement, ça colle, ça colle avec ce que je voulais dire… Mais c’est Michaux, hein ? J’aime aussi
beaucoup l’idée du fantôme intérieur, l’autre nous immatériel.
Vraiment, quelle(s) rencontre(s) !!
Merci de ta présence