J’aime cet entre-deux : on est encore là mais on va partir. Le temps fait pareil : il a un pied dans l’été et un autre dans une saison qui n’existe pas. Il danse un peu bancroche. Hier, fin d’après-midi, le ciel jouait à ça :

(Au passage, je trouve scandaleux que ce soit le même mot qui désigne le TEMPS qui passe et le TEMPS qu’il fait.)
Autre exemple, on procrastine sur un truc et puis on se dit : “Oups ! attention, plus que 5 jours pour faire ça sinon, c’est râpé !” ou inversement ” Au point où on en est, ça attendra mon retour.”
Ce qui est important, où l’on va, c’est l’eau : on a choisi un coin où jouxtent deux rivières, un moulin, un lac et un petit canal : la totale. À cheval sur deux départements qui portent des noms de rivières. Un pays avec plein de noms en -ac (pour aqua = eau). Le chien est très content même si la laisse – au moins 8 mètres quand même) est obligatoire à cause des ragondins.

Et on emporte les chaussures exprès pour aller dans l’eau quand-on-ne-sait-pas-trop-ce-qu’il-y-a-au-fond. Et on s’en fiche s’il pleut : on se baignera quand même !
Présentement, on pense qu’on aura à penser à rien, qu’on sera déconnecté de tout. Se baigner, lire, manger, dormir. Et peut-être écrire.
On attend le silence comme un cadeau, un silence d’oiseaux, d’eau et d’arbres.
Un bistrot ou deux, peut-être, si l’on en trouve des sympas. On est sauvages mais les marchés et les bistrots, quand même, pour entendre le parler du pays !
On aura une pensée pour les plages bondées en plein cagnard, pour les embouteillages et les embouteillés, pour les files d’attente, pour les gaz d’échappement des autos-motos-bateaux, on boira même un coup à leur santé et… on écoutera les grenouilles et on regardera les libellules.

Et parce qu’on se fait une joie de tout ça, on danse le fandango, le fan-dingo, le fan dans l’eau avec Jean qui fait des ronds dans l’eau (mon chouchou en ce moment, Jean RONDEAU).
http://www.dailymotion.com/video/x35b59o_jean-rondeau-clavecin-keyvan-chemirani-zarb-et-thomas-dunford-theorbe-improvisations-sur-un-theme-de_music
Ce shoot de fandango de Soler est irrésistible et le plaisir de l’ostinato a toujours l’effet drogue pour pas cher. Merci de ce moment partageable.
Avec ces petits génies récemment éclos: Thomas Dunford, génial jeune luthiste qu’on ne prononce pas Thomasss , ( tu sais mieux que tous le prononcer), cher ignorant de France Musique, Thomas, fils de célèbres musiciens baroques parisiens tombé dans la marmite en naissant, de Chemirani issu de la tribu non moins célèbre qui connait sa grammaire de musique et de Jean Rondeau jeune champion olympique si l’ostinato était un sport…. ou le dévoreur de musique car il joue de tous les claviers et de tous les répertoires; son ensemble de jazz ( Note forget, voir yutub) est original et prouve sa fringale de musiques. IL m’a même poussée aux 4 mains pour déchiffrer des symphonies de Beethoven sur un merveilleux Erard ….. encore un moment gagné! Tu imagines
Laure
Perdu ma réponse… Je ne suis pas très cross-over – à part quelques pépites – mais là, on est au-delà et tu le décris très bien. J’aurais tant aimé être une abeille (jeu de mot codé : abeille= abbaye. Tu te souviens de L’Abbaye libérée ?) pour vous entendre, toi et le Rondeau pour un Ludwig à 4 mains ! Est-ce qu’un jour je te dirai assez merci pour tout ce que j’ai découvert grâce à toi ? Je ne crois pas… J’emporte des musiques vives comme l’eau de là où je vais, je ne peux vivre sans.
Alors, que le temps s’écoule au fil de l’eau… À bientôt Claire.