Mauvais genre (billet scrogneugneu)

Non non, je ne vais pas aborder ce débat sur l’étude de genre : je laisse ça aux gens qui savent de quoi ils parlent ou qui en ont l’air.

Je vais raconter un truc ou deux : mots entendus sur France-Musique l’autre jour :

L’animateur :  » Un quatuor de femmes ??? Intéressant, étonnnant, non ? « 

Une des musiciennes invitée pouffe et dit :  » Je n’ai jamais entendu personne s’extasier sur un quatuor masculin ou mixte « . Et toc, prend ça dans les dents !

Je n’arrive pas à me réjouir de cette place spéciale faite aux femmes, comme une semaine de promo sur tel ou tel produit. Cela induit une réparation qui ne devrait même plus avoir lieu : si on accorde plus de temps aux femmes à certains moments, c’est que le reste du temps, elles n’y ont pas droit. On répare. Vraiment, en est-on encore là ? De la même manière qu’on ne devrait plus remarquer, notifier, pointer qu’on croise un noir, un juif, un(e) homosexuelle, on ne devrait plus accorder une semaine spéciale aux femmes dans les media. Car ce faisant, on cautionne donc on aggrave ce traitement particulier dû aux minorités. Lot de consolation.

À l’heure où de nombreuses femmes, armées de poussettes, battant pavillon religieux scandent  » Un papa, une maman  » démontrant par là où se situe leur champ d’action (Famille, famille), à l’heure où de nombreux acquis se fragilisent, on nous accorde une semaine, un jour où nous devenons reines d’un pauvre royaume d’où nous sortirons le lendemain.

Oui, il y a beaucoup de femmes musiciennes, peintres, photographes, sculpteurs et même, tenez-vous bien, poètes. On le sait, le voit, l’entend. J’ai entre les mains un petit recueil de Marina Tsvétaïéva, présenté par Linda Lê : il y est question de Rilke, de Pasternak et bien d’autres. Il y est aussi question d’Akhmatova, autre grande poète russe.

Je participe aussi à ces réparations sauf que c’est involontaire : dans mon panthéon, Toni Morrisson, Joyce Carol Oates, Virginia Woolf, Iris Murdoch. Mais je n’accorde pas un jour par an aux hommes qui ne sont somme toute  » que des femmes commes les autres « .

Je vous aime, les gars !

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