On en bave pas mal depuis quelques mois. Je ne m’étends pas.
Mais quand à toutes ces beignes et ces baffes viennent s’ajouter des attaques au langage, là, je vois rouge !
Comme si cela ne suffisait pas !
Ça a commencé avec une petite gêne aux entournures. L’histoire de la distance. C’est un mot qu’il faut connaître. Je l’ai approché avec les élèves infirmiers : c’est une notion qu’ils ont à travailler vis à vis du patient. La BONNE DISTANCE. Le mot est complexe car il ne concerne pas uniquement l’espace entre deux points. ” Gardez vos distances, s’il vous plaît ! ” Il est spatial et mental.
Mais DISTANCIATION ! Était-ce indispensable ? Lorsqu’en plus on ajoute SOCIALE, on nage dans le ” communicationnel “. Oui, c’est en société qu’il faut se tenir à distance mais dans quel but ? Elle n’est pas SOCIALE, la distance. On a tous compris – ??? – qu’il faut éviter de se postillonner dessus : donc, DISTANCE SANITAIRE suffisait.
Allez, rallongeons les mots ! Suffixons les : La suffixation est la dérivation lexicale qui consiste à ajouter un suffixe, petit élément derrière le radical (on dit aussi racine ou base) d’un mot pour former un mot nouveau ayant un sens différent. Mais quand ils ont le même sens, cela les rend tellement plus sérieux (?!).
DISTANCIEL et PRÉSENCIEL ! Ciel ! Tiens, revoilà la DISTANCE mais elle s’allège, ce -IEL la rend superficielle !
Les cours que subissent nos pauvres étudiants se déroulent soit par le biais d’ordinateur soit en vrai, à la fac, en amphi ou en salle. COURS À DISTANCE ou VIRTUELS, c’était petit bras, sans doute…
Attention, je n’ai rien contre les mot nouveaux ! Certains sont désopilants : la complosphère, les rançongiciels, les flexitariens. Et dans les mots oubliés et émergents comme on dit, je n’aimais pas CONFINEMENT. De là à lui préférer DÉCONFINEMENT ? On s’éloigne des suffixes. Et je ne parle pas des NOMINER, FUITER, CANDIDATER, SOLUTIONNER et mon chouchou total : DANGEROSITÉ ! Il n’est pas beau mon suffixe ? Presqu’autant que BRAVITUDE, non ? Mais moins que la MÉPRISANCE (Sarkozy) que tout le monde a oubliée !
Et l’on pense à Bourdieu : on prétend expliquer un fait par le nom qui le désigne ; on utilise un nom tiré d’un fait, puis on l’emploie comme s’il était antérieur au fait et comme s’il pouvait l’expliquer. À Orwell et sa novlangue, bien sûr mais… ça suffixe ! Sinon, je vais chercher Astérix et Obélix, Phimosis et Numérobis. Mais pour jouer ave les mots, c’est Boby le plus fort !
Cette “distanciation sociale” m’a agacé dès le début ! Pour exagérer, j’ai pensé à la lutte des classes, une rue pour les riches et l’autre pour les pauvres.
Une expression qui me chatouille aussi; “il faut changer de logiciel”, dans des domaines qui n’ont rien à voir avec l’informatique, en politique par exemple.
Je ne parle pas de “distanciel et présentiel”, je me suis demandé ce que ça voulait dire.
Ah mais ça n’est pas du tout exagéré ! Il s’agit de ça ! Ils l’avouent, ces rognufududnfubd !
Comme toi très très agacée par le ” changement de logiciel ” ! Celui qui a trouvé ça, bon, on peut le dire une fois, l’idée de base n’est pas mal mais dans une phrase sur deux, il y a un problème !
Bref, ils causent comme ils pensent !
N’avoir plus à faire la différence entre présenciel et distanciel un luxe crois-moi !
Sinon, je constate que ces “nouveautés” sont intégrées de plus en plus rapidement dans la langue courante. Doit-on y voir l’effet du rabâchage (matraquage ?) à longueur de journées des mêmes infos ?
Il y a de ça mais j’y vois pire (suis pessimiste) : dire des mots ” savants ” à rallonge pour masquer le vide du contenu de la pensée. Bref, nous prendre pour des crétins ! J’y vois du politique : faisons leur croire que nous sommes très zintelligents avec nos beaux mots tout neufs et hop, la pilule est passée. Ben non, ça ne passe pas.
Et comme je comprends ton soulagement de pouvoir être loin de tout ça !
Faut-il que nous nous sentions en perdition, pour en appeler ainsi au ” Ciel ” ( sic )…. à cor et à cris !
En perditude totale, chère Catherine (qui m’as bien bluffée avec ton cor et cris : j’aurais fait un faute) : taïaut taïaut taïaut !
Quel festival, merci!
Tendresse particulière pour l’oubliée méprisance, bravo à ta bravitude pour son retour en (presque) présentiel.
Il faut que nous les répétions à l’envi pour forcer leurs examen et acceptation par nos académiciens.
Et finalement, un jour, “Je suis désolé, c’est dans le dictionnaire” est votre plus belle phrase pour sucrer les cacahouettes de l’apéro, une des victoires de l’imbuvable “je te l’avais dit et répété”.
Magistralissime cours… euh! Je crois que je m’égare. Mes plus plates excuses.
Comme c’est étrange !
Bref, tout ça pour te saluer ma chère Claire.
Bises amicales. Michel
Ne t’excuse pas, s’il te plaît ! Les mots en -issime n’ont plus la côte, c’est abracadantesque !
Plaisir de tes passages. Je t’embrasse aussi, Michel.