Je fais cette découverte, il y a peu, cela me paraît beau et troublant :
La NUIT, c’est N+8. Dans de nombreuses langues européennes, le mot nuit, c’est la lettre N suivie du chiffre huit : n-oite / n-ight / n-acht / n-oche / n-otte et notre n-uit.
L’intérêt, c’est qu’en mathématiques, N est le symbole de l’infini, enfin plus exactement de l’ensemble des entiers naturels qui est infini. Et le chiffre 8 couché (∞) également. C’est aussi le ruban de l’éternité. La symbolique de ce chiffre 8, debout ou couché, est très chargée. Je n’aimais pas les mathématiques – je le regrette beaucoup – mais j’ai en mémoire certaines formules tout à fait magiques pour moi où apparaissait ce huit fatigué. Je me souviens aussi de partitions de musique où ce ∞ au dessus de la portée signifiait qu’il fallait jouer à l’octave plus haut et je l’aimais bien, sinon la lecture était quasiment impossible !
Serpent bijou
Hé bien, il semblerait que tout cela soit fariboles et faridondaines ; ça m’est égal, je prends le poétique, je respecte le scientifique qui démontre l’inverse. Et si ce n’est pas juste, c’est tout de même bien trouvé. Pour les musiques, j’avais pensé à Michel Jonasz, C’est la nuit, la grande, la belle (que j’entendais “la grande abeille”) et puis La nuit je mens – je m’en lave les mains – de mon chouchou Bashung. Mais, à mon avis, la plus belle version est celle de son dernier concert et c’est trop triste.
Victor Hugo disait de Beethoven : “Ce sourd entend l’infini” mais moi, c’est Schubert qui m’emporte très loin, grâce à Sviatoslav Richter, son messager de la nuit infinie.
P.S. : Il y a quelques temps, j’avais posté Nuit lacérée 1, voici le numéro deux de la série.
Nuit lacérée 2
La nuit toujours, indécence sans témoin, impudeur à soi même pour hoqueter sur l’incompréhensible et le flagrant.
Tu ne veux pas de lumière et pas d’obscurité : les bruits se déplacent mieux. La bougie vacillante te va. Te convient aussi le tic-tac égrené, légèrement plus lent que ton pouls. Quatre heures. Cinq heures. La nuit avance seule.
Tu l’aimes parce qu’elle n’a pas besoin de toi. Tu la crains parce qu’elle pourrait t’engouffrer. Vous disparaîtriez ensemble. Avec le brouillard vient la clandestinité
Quelques derniers spasmes ponctuent ton attente. Le corps encore.
Il te semble entendre un cri d’oiseau très léger, lointain, comme les petites croches d’un chant perdu. Tu sais que ce n’est qu’un fragile désir.
Novembre 15
Il n’y a que chose poétique pour attribuer la chose des choses à sa destinée. Merci pour cette collecte.
Autre chose : de “nuit lacérée” à nuit(s) au(x) pluriel(sx), il y a recueil à cueillir.
Cet envers du corps, lumière antisolaire, est au plus juste depuis votre balcon jusqu’à nos coulisses. Et vice-versa.
Miroir, profond couloir, une porte, de porte à porte.
Oui j’ai aimé ce hoax culturel : rien n’est vrai techniquement, mais c’est si joli, ce N+8…
Quant à la nuit, le recueil en perspective s’intitulerait L’Aveu des nuits (c’est aussi le titre d’un texte)et merci d’y comprendre tout cet envers, le jour étant pour moi l’endroit. Les portes s’ouvrent toujours sur d’autres qu’il faut ouvrir, n’est-ce pas ?
Ah voilà un billet qui a de la gueule, merci ! (vidéo prile-proil-pro, no souciéo!)
Oui, “L’Aveu des nuits”, à mettre au jour !
Juste : d’autres portes au pas d’une ouverture.
Enfin trouvé le truc ! Vais rectifier les précédents avec le abracadrabra indiqué qui marche (le truc, alors que tu me l’avais si bien expliqué c’est qu’on ne le voit vraiment que dans l’aperçu ; dans le billet en cours de rédaction, c’est gloubiboulguesque). Quant au prochain recueil, cherche éditeur, pas désespérément mais un peu désabusée-sans-conviction. Autant de manuscrits (non beaucoup moins !!!) que tu as de photos dans tes tiroirs.
Fariboles, faridondaines ? Dommage. J’étais tout près d’y croire tellement toutes ces nuits se combinent exactement. Il y a là tout pour briller en société. Cela reste quand même troublant non ?
Je croyais que le huit couché, symbole de l’infini, était inspiré du Ruban de Möbius (qui est une surface infinie) mais il n’en est rien : une autre déception…
Quant à la nuit de Schubert/Richter, j’y vois plutôt une trop longue insomnie qu’un ciel, fût-il sans étoile. Il est donc impossible que cette musique soit soporifique…
Moi, j’y avais cru, cher Horus, mais c’était presque trop beau… Comme tous les naïfs, j’y crois encore un peu pour la beauté de l’histoire. Et zut pour Möbius (à ne pas confondre avec Moebius mais c’est une autre histoire), il faudra que vous m’expliquiez pourquoi ça ne convient pas.
Schubert/Richter c’est pour moi l’ultime nuit, la der des der, celle qui nous emporte du côté de nulle part. On y dort pour toujours dans une insomnie infinie, inconsolable et pourtant enfin paisible.
Impossible : le caractère apparaît en 1655, 2 siècles avant le ruban de Möbius (1858). Et, à l’inverse, imaginer que Möbius se soit inspiré du caractère, ça ne marche pas non plus. Les faits sont têtus et insensibles aux belles histoires.
Et voilà ! La démonstration est faite et on est refaits pour la belle histoire. Tant pis, il nous reste “un peu de savoir, beaucoup de saveur”.