Droit, droits, droites, doit ?

Photo Clarisse Méneret-Massart
Une balade au pays des femmes qui parlent et ne sont pas assez entendues.

Photo de Une : Clarisse Méneret

J’ai regardé un film sur Emily Dickinson, A quiet passion où j’entends le mot Passion comme celle du Christ. Son droit ? Écrire la nuit des textes subtils dont une poignée sera publiée, toujours modifiés et non signés. Son choix ? Le refus, le retrait. La couturière céleste comme la nomme Christian Bobin dans son livre-hommage La Dame Blanche revêt un jour une robe blanche pour toujours.
« Il est facile d’être stoïque quand personne ne veut ce que l’on a à offrir. »

Dans la semaine, j’ai passé de beaux moments avec une femme compositeur (petite parenthèse : j’ai du mal avec le mot compositrice, voir lien ci-après) : Elsa Barraine (1910-1999), grand prix de Rome à dix-neuf ans, enseignante aux méthodes originales, compositeur de bandes originales de quatre films (dont deux de Jean Grémillon et un de Jacques Demy). Un discours clair, simple, engagé, musique à l’avenant.

Compositrices et musiciennes

Au delà des controverses, des avancées, des égarements, des errements dont ces derniers mois furent nourris sur la place des femmes dans le monde, sur ce qu’elles subissent et supportent, j’ose dire que je préfère être une femme aujourd’hui. Et que je préfère parler de ce dont elles sont capables. De ce qu’elles font et vivent.
Mais la vigilance est de mise. Car ce qui se profile partout, confirmé dans les choix politiques et donc de société ne va pas dans le sens d’une amélioration de notre condition. Suivez mon regard. Alors, on s’accroche, on découvre encore et encore ces femmes magnifiques (merci Colette P. !) qui parlent de très loin pour l’univers entier, que l’on entend si peu alors que leur voix est si forte ! Alors on se fait porte-voix. De Joséphine Bacon * par exemple, splendide poète innue : 

Je me suis faite belle
pour qu’on remarque
la moelle de mes os,
survivante d’un récit
qu’on ne raconte pas.

 

 

 

Ci-dessous, la musique du film A quiet PassionLa question sans réponse est peut-être « Arriverons-nous à vivre vraiment ensemble, hommes et femmes ? » C’est mon souhait le plus cher.

* Joséphine Bacon – Bâtons à message, Tshissinuatshitakana – Mémoire d’encrier, 2009 – Éditions bilingue

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Christine
Christine
il y a 5 années

J’aime beaucoup ce poème de Joséphine Bacon que tu nous fais découvrir. Merci.

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