Monstration

Photo Clémence Poujol
Quand, avec Astérion et Ariadne, nous rencontrons l’Autre. Le théâtre permet ce miracle.

Photo de Une Clémence Poujol

Ariane ou Ariadne a un demi-frère : Astérion. Ils ont la même mère : Pasiphaé . Le père d’Ariadne est Minos à qui Poséidon offre un taureau blanc. C’est ce taureau qui est le père d’Astérion.
Astérion est-il un monstre ? Montre-t-on un monstre ?

Photo Clémence Ravion

Samedi 19 janvier : je vais avec deux amies voir un spectacle d’Arnaud Poujol, Dédale Park Remix. Je lui laisse la parole:
« Que la chose soit dite : notre sujet n’est pas le handicap mais l’altérité. Il nous fallait un endroit d’exigence où la question du handicap serait reléguée au rang des contingences, nous avons choisi le théâtre pour dire la singularité comme une revendication nécessaire. Si la nature ne crée pas de monstre, la culture les affectionne plus que tout. J’ai proposé à Denis de revêtir la défroque du monstre le plus connu, celui qui vit enfermé dans le dédale, le Minotaure. Le labyrinthe n’est plus en Crète, mais au milieu d’un Luna Park où l’on suit un frère et une sœur qui portent les noms de deux marques de fauteuils roulants, Quickie et Orkyn. On l’oublie parfois, mais Ariane est la demi-sœur du Minotaure. Ici, dans le Dédale Park, Astérion est une authentique personne handicapée comme l’acteur qui l’interprète, en revanche, Ariane est une simulatrice ; une actrice. Il faut espérer que ces deux-là abattent le labyrinthe dans lequel nous nous sommes perdus afin de dire le nom du jeune homme qui se cache sous la défroque du monstre. » Arnaud Poujol
Combien de fois Astérion demande-t-il à sa sœur ” Dis mon nom ” ? À quoi, immanquablement, elle répond  : ” Kiki “. Cela le fait hurler de désespoir.
” Je suis la sœur d’un monstre. Je suis une sœur monstrueuse. ” dit-elle comme un aveu.
Aline Le Berre et Denis Guesneau habitent littéralement ces créatures entre fatum et choix, entre tendresse et cruauté. Qu’est-ce qu’être humain ? Qu’est ce que dire ?
Pour en savoir plus, analyse très bien faite ici (clic et hop):

Alors, bien sûr, je repense à ” Ariane, de quel amour blessée, vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée ” : Denis Guesneau – que j’ai la chance de connaître – et moi aimons de temps à autre nous lancer cette phrase. C’est notre mot de passe, notre signe de ralliement à la beauté.
J’espère vraiment que Dedale Park Remix pourra être vu par le plus grand nombre !
Et puis, je pars dans le Labyrinthe avec Asaf Avidan, la beauté de l’Autre, un autre vrai AUTRE.

 

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