Dispersés dans l’or des poussières, des insectes, nous devions nous retrouver au creux de notre couette d’octobre, habillés de silences, préparant nos hivers, apaisant nos rires de raisin.
Nos exils respectifs devenant fugues, j’allai vers mes dédales, tu te dirigeas vers tes combats… Nous nous perdîmes.
Va, mémoire tachetée de paon. Taille tes échardes, aiguise tes élans.
Va, mémoire-cristal avec tes mots subits et tes soupirs profonds. Prends garde d’être devancée ! Pourvu que se préserve – vendanges – une lumière !
Mémoire d’argile pétrie de sourire, viens te baigner à l’enfance. Viens agiter ta jupe insolente sous le nez du présent. Et dans un monde en creux, en conque, en croches, en Fée Carabosse, déroule le passé comme une traîne, tiédis l’instant.
L’Océan nous vit-il soudés, moi ruminant des vers de Lautréamont, toi chevauchant ta vision d’enfant, ailée et forte ? Étrangers, nous regardions le film du temps ; le goût de ma propre salive me rassurait.
Va, Mémoire, tourne le dos à la mort, follement, dans un monde préfacé, bâtis ton chapitre, chapiteau, château.
Va, envole-toi, mazurka du matin, si nous pouvions guérir !
Mémoire-moi…
Et, immobiles, nous dansions une valse.