Passer vite : comme l’expression est étrange. Le temps passe, c’est tout, seconde, minute, heure, jour après jour. C’est nous qui sommes plus ou moins disposés à le rétrécir ou l’étirer.
Le mois de mars fut pour moi digne du dieu qui le préside. Quoique que Mars est droit et honnête chez les romains. Alors, ce fut plutôt Arès, fourbe et malicieux. Un garçon, quoi… D’ailleurs, c’est son symbole :
Comme dans le texte ancien du Calendrier oublié, ce fut un combat, non de sumotori mais une lutte glacée, crispée, crispante. Il est fini et c’est tant mieux ! Mais j’ai laissé passer le temps et c’est en avril que je vous le propose. Les pervenches sont encore là.
Pour la musique, Les Planètes de Holst, Mars bien sûr. Parce que j’aime bien la gestuelle de la chef d’orchestre, que j’adore les cuivres et les timbales, et enfin parce qu’un peu de violence parfois vous secoue comme un prunier en fleurs… La mesure à cinq temps, sans doute.
Voici l’ancien mars
MARS
L’aveu est possible : même lors d’un perpétuel matin aux Tuileries, même dans tes courses et tes éclats de rire, le coma était survenu.
Trêves. Prolongations. Sursis. Mémoire : nous tâchions pourtant de vivre chaque heure dans son épaisseur, dans l’intense luminosité d’un gros cumulus, habillés de musiques à même le corps, directes sur la peau, imbibant muscles et nerfs…
« Grave, disais-tu, c’est la gravité qui te tuera ! »
« Léger, tu es si léger » répondais-je, te poussant d’une main, te retenant de l’autre… Tu partais d’un pied, revenais de l’autre. Deux lutteurs soudés. Sumo.
Et nous fermions les yeux de notre enfant mort-né.
*
P.S. : j’ai croisé deux sumotori (ou plutôt rikishi) dans la rue à Tokyo : je peux vous dire que je n’oublierai jamais ce moment.
“j’ai croisé deux sumotori (ou plutôt rikishi) dans la rue à Tokyo […]”
Corps en Dieu, et inverse pour prière : au pays du bonsaï toute grandeur est en son décharné refus, acharnée exception.
Oh l’ami ! Comme c’est bien dit !
Tu ne t’en souviens pas, peut-être… C’était un immense carrefour et il y eut ces deux géants… autour d’eux un cercle de vide, non la piste de combat mais de respect.
Je te l’ai toujours dit : un jour, quand on sera grands, tu écriras et je prendrai des photos.
Non je ne m’en souvenais pas (mes amis sont ma mémoire), merci pour cette belle image du cercle de respect.
Tu vois, nous sommes (presque) déjà grands : tant de justes photos dans tes mots, quelques graffiti dans mes cadrages. 😉
(rien à voir : j’ai essayé de recadrer l’image à la une pour voir le visage de Ares (si tu es d’accord), sans réussir; à suivre.)
(Suite : trouvé la même image avec plus de pixels, Ares n’est pas un tendre! ;-|)
IMAGE DE UNE IMPEC ! Arès est un belliqueux et parfois, j’aime la férocité.
Quant à ce que nous savons faire (enfin, que nous tentons de faire émerger), ce que tu dis est juste. Démarche de précision et de justesse. Loin du joli.
Merci de tout.
Magnifique interprétation ! Impressionnante chef !
N’est-ce pas ? Elle est très précise et pleine d’énergie, à la hauteur de cette musique très Starwars mais tellurique et menaçante.
Je suis ravie que tu aies aimé.