Les mots dits sont des sons. Les sons ne sont pas des mots. Les mots écrits sont des sons intérieurs. Je ne joue pas avec les mots. je cherche. Parce que Georges Prêtre est mort et que j’écoute Maria Callas chanter les airs français. (Callas à Paris – Airs d’opéras français, 1972)
J’entends de la musique, des sons, des mots, du sens. Intelligence (inter legere) : faire les liens. Et histoire de compliquer les choses, je reprends le Livre de lectures de Marthe Robert : pour faire des liens, la dame s’y entend.
Georges Prêtre ou le sourire du boxeur… Je n’ai pas trouvé le film correspondant à une séance de répétition entendue à la radio. Dommage ! Mais l’oreille est infaillible, le geste précis, le corps danse… Il vocifère avec les tutti et laisse échapper un “Je suis heureux”, hurlé au beau milieu d’une phrase musicale. Oui, l’homme était boxeur, pour de vrai. Et parfois, il est totalement immobile et dirige avec ses yeux. Il souffle sur son orchestre. Il EST la musique. En intelligence avec elle.
La Kaloyeropoúlou ou encore Maria Callas comprenait ce qu’elle chantait. Tous le disent. Elle faisait plus que comprendre, elle vivait. Avoir une voix ne suffit pas. La sienne, inclassable mais non incassable… Tant de fêlures ! Elle avait compris tant de choses, la Callas ! L’on comprend qu’ils se soient si bien entendus, ces deux-là !
Un souvenir : celui de l’annonce de sa mort un jour de septembre en 1977. Encore aujourd’hui, je sais où je suis, dans quelle pièce de quelle maison, je sais où sont mes petits, il ne faut pas qu’ils me voient pleurer. Alors, je chante, je chante avec Maria qui chante avec Georges Prêtre.
Grâce à vous, j’ai vu un nombre incalculable de videos, j’ai écouté cent musiques. Et le Beethoven dirigé par un chef de 84 ans m’a paru illustrer le bonheur de ce voyage. SMART !
hélas eux qui l’ont approché ne disent pas la même chose…..
il n’était pas d’une intelligence fulgurante.
On peut aimer les sons, d’autres les ont accompagnés de réflexions géniales. Ce n’était pas son cas.
Je ne le pleure pas et me réjouis des vivants.
laura
Ah ma Laura, je te retrouve toujours ! Oui, il y a ceux qui pensent en plus de faire et puis ceux qui ne pensent pas (ou ne le disent pas) et font. Et puis l’intelligence… Vaste sujet. Il y a les profondes, celles des bêtes qui sentent avant de savoir comme nous l’entendons. J’aime sa carrière, j’aime qu’il ait aimé et respecté la Callas.
Je ne le pleure pas non plus, je le célèbre. Et avec toi, me réjouis des vivants. À bientôt.
Oh que voilà un vibrant et si bel hommage Claire!
Écoute un peu ça: aujourd’hui ce…. de FB me rappelle un poste du même jour 2013 “J’aimerais entendre une musique qui ne soit pas sourde à la chanson du vent sur la dune, ni insensible aux parfums de la nuit.”
Ces deux-là ils savaient lire dans les éléments !
Beau! Beau! deux fois. Merci Claire
Mon souvenir de la mort de Maria Callas. Je revenais en voiture de Marseille pour remonter dans ma haute Provence, j’écoute la radio qui annonce sa mort, je regarde le panneau du village que je traverse : Calas ! Vrai.
Sorcière, va ! Je te crois, je t’imagine dans ces collisions de lieux et de temps. N’empêche…
Ah, ce document INA de 1964! Cadrages difficiles, images inespérées, ces visages blanc lumière, leurs regards libres de miroirs, poses nature… Il est loin le temps devant nous. Selfie sourit!
Merci pour ces aller-retour musicaux, retour sur soi-même dont la force n’a pas d’équivalence : les enregistrements tels que nous les avons connus sont à l’identique maintenant : leur écho, si nous l’aimons encore, nous transmute vers notre corps de toujours.
Oui, j’ai aimé ces visages, ces dictions… et les immenses mains de Ma Callas. Donc de l’œil à l’oreille, il n’y a qu’un pas… et encore ! Un pas de danse, chaloupé pour toujours.
Oui, dictions, bien entend-vu! Et ce chaloupé au temps flottant, seule la musique sait le fixer…
Mon admiration éternelle pour les chanceux de l’instrument.
Georges Prêtre. J’étais peut-être trop jeune, je ne sais pas. Est-ce parce qu’il s’appelle “prêtre”, va savoir. Je n’ai pas pleuré à la mort ni de Boulez ni d’Harnoncourt ces fauves ennemis, pourtant là je prenais part, ça me concernait. Alors pourquoi pleurer à la mort de Georges Prêtre ? Mais, voilà, j’ai pleuré. Peut-être parce qu’un garçon d’autrefois pleure quand il vieillit. En plus, pas une de des prestations de ce chef à citer ! Mais j’ai pleuré, c’est l’important. Ce nom m’a fait réussir à pleurer, et maintenir l’énigme fera que je pleurerai encore pour mon bien et celui de ceux que j’aime.
Je n’ai pas pleuré… J’étais émue. C’est surtout son travail avec Maria Callas qui m’avait marquée. Les larmes sont mystérieuses, leur survenue ne dit pas son nom. Elles sont parfois les bienvenues, tant que la bête pleure, elle est vivante. Ceci dit, “si rire est le propre de l’homme, pleurer n’est pas le sale” J. Prévert.
Des ami(e)s musicologues disent qu’il n’était pas si bon que ça… M’en moque. Chacun ses émotions. J’accueille la vôtre.