Sacrées bonnes femmes !

Rencontres fortes avec des femmes artistes (et inversement).

Bousculée, ces temps-ci… Et je sais que je ne suis pas seule dans cet état. Mais toujours retenir un ou deux visages, deux ou trois notes de musique, quatre ou cinq mots qui font garder la verticalité. Je rencontre cette semaine trois femmes (en fait davantage) exceptionnelles. Alors malgré la laideur ambiante, leur beauté et leur génie me mettent en joie :
Il y a d’abord cette Barbara HANNIGAN (en image de Une) qui m’époustoufle et que je découvre dans Le Grand Macabre de G. Ligeti… (Lien en fin de billet) Bien sûr, je fouine et j’apprends qu’elle est aussi chef d’orchestre, qu’elle a travaillé avec les plus grands dont mon chouchou Reinbert de Leeuw !

Barbara Hannigan

Elle a tout, elle ose tout :  une voix, un corps, l’intelligence du texte et du geste.

Je rencontre aussi une femme que je savais actrice et que je découvre réalisatrice : Ida LUPINO. L’anglo-américaine aussi ose tout et se fait une belle place dans un monde d’hommes ; imaginez le Hollywood des années trente ! Elle tourne avec Raoul Walsh, Nicholas Ray, Fritz Lang, Robert Aldrich… Et puis vers trente ans, elle commence à s’ennuyer sur les plateaux. Elle sent, elle sait qu’elle peut faire autre chose. Et ça marche ! Une journaliste dira d’elle : « Non seulement Lupino prend en main la production, la réalisation et le scénario, mais chacun de ses films aborde frontalement la sexualité, l’indépendance, la dépendance ».
Le film que j’ai vu – The Hitch-Hiker, 1953, Le Voyage de la peur en français – est un excellent film noir, très bien ficelé et filmé, sur un rythme parfait. « Ses films affichent les obsessions et la cohérence d’un véritable auteur… Lupino montre des mâles dangereux et irrationnels, semblables en cela aux femmes telles qu’elles sont représentées dans la plupart des films noirs d’Hollywood dirigés par des hommes. » dit aussi l‘écrivain Richard Koszarski. J’ai eu du mal pour choisir une photo, j’ai même trouvé quelques images où elle est avec Jean Gabin… Mais je la préfère toute seule ! Et Carla Bley (tiens, une dame !) a écrit cette musique que joue Paul Bley : Ida Lupino.

Enfin, j’entends des bribes d’un texte violent, fort. Je tends l’oreille : c’est Josiane BALASKO dans un monologue de Simone de BEAUVOIR sous la direction d’Hélène FILLIÈRES (tiens, des dames et non des moindres !). Cela s’appelle La Femme rompue et c’est cinglant ! La solitude de cette femme rejetée de tous qui veut « s’opposer à la violente idée du bonheur que nous impose le monde »* crache, dans une solitude insondable, sa rage, sa haine, son impuissance… On imagine comment fût accueilli ce texte à la fin des années soixante. (* H. Fillières)
Mais comme c’est vraiment très dur, je vais plutôt vous laisser avec Barbara Hanningan :

 

0 Shares:
Choisissez de suivre tous les commentaires ou seulement les réponses à vos commentaires
Notification
guest
2 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments
Vous pourriez aussi aimer
Lire la suite

Laurent Le Magnifique

Laurent Terzieff, Gérard Caussé, Bach et Rilke... Des seigneurs.
Lire la suite

Les grands-mères

Les grands-parents et plus précisément les grands-mères. Fantômes pour certains, grand amour pour d'autres. Les aïeux sont comme des pays lointains.
Lire la suite

Les boutures

Le jardin des mots et des plantes : ça pousse, ça pousse... Ça bouture.
Francisco_de_Goya_y_Lucientes__Fire_at_Night
Lire la suite

Alerte rouge

Peur et compassion pour le vivant qui brûle. Pour la première fois, dans l'ère moderne, un pays tout entier est ravagé par le feu : cette apocalypse parle à ce qui, en nous, reste fragile, la croyance en la toute-puissance de l'Homme. C'est la revanche de la nature bafouée.