Cette année pas de billet scrogneugneu sur “l’effet fête” ou “j’aime pas Noël”. J’ai décidé de changer de trottoir, de tourner la tête de l’autre côté, faire genre “Quoi ? Des fêtes ? Quelles fêtes ? On ne m’a rien dit.” Voilà, ça c’est fait.
Parce qu’il y a bien d’autres objets d’angoisse, de mécontentement voire de colère.
Et d’abord (?), l’incroyable violence de l’intrusion du politique dans les soins psychiques. C’est une réelle imposture, comme l’a expliqué Roland GORI – dont j’ai admiré la retenue et la dignité – un manque de pudeur et de prudence. Je cite S’appuyant sur ces constats, le député Daniel Fasquelle porte ce 8 décembre 2016 à l’Assemblée nationale une proposition de résolution invitant le gouvernement “à condamner et interdire les pratiques psychanalytiques sous toutes leurs formes [dans la prise en charge de l’autisme]”. Le texte, soutenu par une centaine de députés, (L.R. faut-il préciser ?) encourage l’État à n’autoriser et à ne rembourser, pour l’autisme, “que les thérapies et les programmes éducatifs conformes aux recommandations de la HAS”. (c’est moi qui souligne)
http://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/autisme-des-deputes-defendent-les-prises-en-charge-validees-scientifiquement
D’où leur vient cette assurance à connaître les traitements “validés scientifiquement” ? Validés par qui ? On reste sans voix.
Et puis le choix de Trump de son responsable à l’Agence de protection de l’environnement : Mr Pruitt (ben oui), climatosceptique et bras armé des compagnies pétrolières. Logique ! Enfin, la logique d’un homme qui va mener son pays comme une entreprise.
La liste est longue des sujets enrageants : sur les réseaux, certains de mes amis s’étripent pour les élections présidentielles françaises. Certains – se revendiquant de gauche – voteront Fillon au deuxième tour si la xénophobe en est. C’est leur voix : ils sont libres. Mais la peur n’écarte pas le danger. Allez, poésie !
L’étranger
Je suis né à Paris de parents français :
mon état civil est net
comme une chemise du dimanche.
Mais je suis étranger
plus étranger que t’étranger
à mon pays quand il est dur et froid
comme la pierre
et fermé comme une porte
au ciel changeant des visages
je suis étranger à la beauté
qui ne s’offre qu’à son miroir
étranger à celui qui sonne le tocsin
pour un courant d’air
étranger vraiment
plus étranger que l’étranger lui même
au pays qui met son blé et sa lumière
à la cave du cœur
Jean-Pierre Siméon
Pour finir – l’inquiétude demeure – la chanson de L. Cohen L’Étranger par Graeme Allwright avec des musiciens malgaches.