À Sacha : les grues , 26 novembre 2014
En voiture (je préfère automobile mais ça fait pédant et désuet), j’entends une émission consacrée à Serge Regianni. Et cette chanson arrive dont chaque mot sort de ma bouche avant même que je sache d’où elle vient, elle me précède : je la sais par cœur, la belle expression ! Oui, il s’agit de cœur. « Longtemps je t’ai gardée, comme une perle rare ». Tout était là, je n’ai absolument rien oublié, pas un seul mot. Et tout en chantant à tue-tête (encore une expression étonnante), je m’émerveille de la puissance de la mémoire car les images arrivent : nous sommes jeunes, les copines et moi, et nous braillons la chanson comme un hymne, nous la brandissons comme un étendard : Ma liberté, longtemps je t’ai gardée…
À Brigitte : Là, c’est le présent qui se rencontre. Qui vas-tu croiser pendant cette croisière ? Toi, vivante et à vivre. Pour cette rencontre, faut voyager léger, s’oublier sur la rive, se dire au revoir (dans arrivederci il y a rive), et entendre que les autres vous attendent et leur faire confiance pour ça mais les oublier un peu. Voilà tout ce qu’il faut faire dans ce « faire-rien « , dans cet abandon de soi au navire et aux bons soins de son personnel.
Pour toi ces quelques vers de Roberto JUARROZ :
Naufrage dans le miroir.
Chaque jour nous sombrons un peu plus
dans son eau lisse.
Jusqu’à ce qu’un certain jour
l’excès du naufrage
brise du dedans le miroir.
Et pour finir, annoncer que jeudi 4 décembre, à 18h30 et à la Librairie Olympique (place des Chartrons), nous deviserons, Dominique BOUDOU et moi, autour de L’Oubli des étangs – mon dernier recueil – Bien sûr, vous êtes conviés à cette rencontre.