Gaetano Veloso, Chanson de la Pleine Lune (très belle version aussi par Simon Diaz), chanson qui parle si loin, d’une nuit de l’enfance.
https://www.youtube.com/watch?v=XxagTf9xGnI
Plantées devant la bibliothèque l’autre jour avec une amie à la recherche de je ne sais quoi, je constate et me réjouis de la proximité de Barthes, Blanchot, Borgès (oui, il y a un peu d’ordre alphabétique, assez approximatif mais suffisamment pour s’y retrouver). Bon, c’est pas du marrant-marrant, tout ça mais, je les aime beaucoup. Il n’y a pas Bonnefoy parce que mon rayon poésie est ailleurs.
Du coup, je feuillette, musarde et m’enchante. Partage :
Or il se trouve que dans ce pays (le Japon), l’empire des signifiants est si vaste, il excède à tel point la parole, que l’échange des signes reste d’une richesse, d’une mobilité, d’une subtilité fascinantes en dépit de l’opacité de la langue, parfois même grâce à cette opacité R. BARTHES, L’Empire des signes.
Et BLANCHOT, dans La Solitude essentielle – chapitre souverain qui ouvre L’Espace littéraire – de dire d’une façon lancinante : Écrire, c’est se livrer à la fascination de l’absence de temps. […] Écrire, c’est se faire l’écho de ce qui ne peut cesser de parler […]
Et BORGÈS, si proche de Blanchot – et aussi de Barthes pour l’histoire de graphie – dans ce ” quelque chose qui ne cesse de s’écrire ” :
Je suis sûr que la lune, ou que ce mot : lune,
Est un signe, une lettre imaginée exprès
Pour la complexe écriture de cette très
Étrange chose : nous – innombrable mais une.
La Lune in L’Auteur 1960
(Je donne pour les amis hispanisants – et pas que pour eux finalement, c’est à chanter sans comprendre, cette langue-là – la version en langue originale à la fin du billet.)
Alors, en pareille compagnie, qui peut se plaindre ?
Et eux trois, presqu’à côté dans la bibliothèque, sur les rayonnages d’en haut qui rayonnent, avec entre eux parfois un Blondin qui se marre et un Beckett ravagé d’humour, eux trois ont changé ma vie, j’en suis sûre. Ils ont fait émerger l’émotion par l’intelligence. Et de ça, on ne se remet pas : tant mieux !
Sé que la luna o la palabra luna
Es una letra que fue creada para
La compleja escritura de esa rar
Cosa que somos, numerosa et una.
Les B, bon sang mais c’est bien sûr …
Oui, comme du Beau, du Bon… (du Bien)
Beaux compagnonnages, Claire. Et c’est bizarre, mais la citation énoncée par une de tes amies est ce que j’avais lu un jour et mis en vidéo. Faut dire que c’est pas rien ce que tu donnes à lire
et qui rappelle? Et c’est bien.
Je colle le lien, je peux hein ?
http://www.dailymotion.com/video/xjxa77_inexprimable-amour-fragments-d-un-discours-amoureux-roland-barthes_creation
Mais oui, bien sûr que tu peux ! Nous sommes, – nous le devons et quel beau devoir – être passeurs, passeuses d’autant que cela est le bien commun.
Une autre fois, après les B…, nous ferons les C… etc. etc.
Homère ! Mamma mia ! C’est du lourd ou du léger, selon toi ?
Ho, bonne Mère, Homère, c’est une Odyssée !!
Que de citations à partager, à commenter, à extraire de ces auteurs-là ! Barthes d’abord: « S’en tenir à sa part d’irrégularité, faire de cette
impossibilité à se laisser décrire, à rentrer dans le rang de la manière la plus douce, une valeur de vie et de création. » ou bien ” Savoir qu’on n’écrit pas pour l’autre, savoir que ces choses que je vais écrire ne me feront jamais aimer de qui j’aime, savoir que l’écriture ne compense rien, ne sublime
rien, qu’elle est précisément là où tu n’es pas – c’est le commencement de l’écriture.”
Et puis Blanchot : “La banalité est faite d’un mystère qui n’a pas jugé utile de se dénoncer…”. Borges enfin : “J’écris pour moi, pour quelques amis
et pour adoucir le cours du temps…”
Il y a tant à lire encore de ces auteurs ou de tant d’autres :”Quand je pense à tous les livres qu’il me reste encore à lire, j’ai la certitude d’être encore heureux” disait
Jules Renard.
Je t’embrasse et je retourne vite à mes lectures.
Oh que d’eau tu apportes au moulin de la galaxie littérature ! Belles tes citations… Passé un temps fou (et fort agréable) à chercher les miennes. Évidemment envie de tout relire, d’annoter –
si, sur mes livres, j’annote et même en couleur parfois ! – de mémoriser – pour briller dans les salons, bien sûr. Mais Blanchot, je ne sais si tu as essayé, ça ne marche pas du tout !
Allez, j’y vais, mon futur cours sur Homère m’attend.