Je marche sur du bitume. D’habitude, je regarde où je mets les pieds. Mais là, je regarde loin devant ou bien je cherche quelque chose dans mon sac. Puis sous mon pied, une sensation horrible, un splash, pas celui de la crotte-de-chien-du-pied-gauche, ni celui croustillant du pauvre escargot qui, malheur à lui, se trouvait là. Non, une sensation mi-solide mi-liquide, une légère résistance suivie d’un écrasement. Par tous les saints, sur quoi ai-je marché ?
Sur une mandarine ! Il a fallu que sur tous ces mètres carrés je pose le pied là, sur ce pauvre fruit perdu, tombé d’un panier, abandonné sur le parking. La mandarine abandonnée…
Et pourquoi, aussitôt me vient à l’esprit ceci ?
Je pense à l’arbre, celui qui a produit le fruit. C’est généreux, un arbre qui fait des fruits comestibles pour l’homme, pour les animaux aussi d’ailleurs. Et les fleurs du mandarinier sont exquises, à l’œil et au nez (et à droite).
Les arbres qui ne font ni fleurs ni fruits – je ne sais si cela existe – donnent leur ombre et c’est très généreux aussi, même s’ils ne font pas exprès.
C’est que je suis dendolâtre*, de surcroît en pleine lecture du livre de Alain Corbin* et surtout en pleine préparation de… mais chut ! Chaque chose en son temps, le temps des arbres est long. Ci-dessous, ma photographe d’arbres préférée.

Du coup, le projet et ma dendolâtrie m’ont fait oublier la mandarine écrasée. D’ailleurs, c’était peut-être un abricot.
Partons nous promener avec celui qui aimait tant les arbres et la forêt.
*1 La dendrolâtrie, du grec δένδρον (dendron), signifiant « arbre », et du latin latria, lui-même issu du grec λατρεία (latreia) signifiant « adoration », est le culte païen des arbres.
*2 : Alain Corbin, La Douceur de l’ombre – L’arbre, source d’émotions de l’Antiquité à nos jours – Fayard, 2013
Je dendrolâtre de plus en plus ! Je suis allé dans le Lot-et-Garonne, près de Tombeboeuf et on m’a parlé d’un chêne magnifique, tout seul au milieu d’un champ. Malheureusement je n’ai pas eu le
temps d’aller le voir.
http://krapooarboricole.wordpress.com/2008/04/19/le-chene-venerable-de-tombeboeuf-lot-et-garonne/
On le voit mieux sur cette photo :
Bon, non, je ne parle pas de mon figuier ici !
Absolument superbe, le chêne, un dieu, un prince, une cathédrale !
La dendrolâtrie est gratuite et peut rapporter très gros !
Je n’ai, hélas, pas d’arbre à moi – mais ton figuier est comme un neveu pour moi – mais j’en chéris quelques uns. Oseras-je dire qu’ils me le rendent bien ?
“Auprés de mon arbre
je vivais heureux
j’aurais jamais dû
le quitter des yeux” Chanson de G. Brassens
Qui est ce petit elfe gambadant près de la ronde des arbres? Je suis en communion avec Toi “Dendolâtre-bis”…
Le mûrier à fruits blancs, les faux-poivriers et les eucalyptus… Nos arbres.
Mais j’en ai adopté d’autres depuis et j’espère la réciprocité.
P.S. : la petite elfe, tu la connais bien, surnoms “Pervenche” ou “Myosotis”.
J’ai recherché et je suis tombée sur la mandarine de Louise Bourgeois. Me suis pas fait mal… Mais ça ripe, avec les araignées de la Louise.
Ouiche, ça ” scroutche ” un peu quand même la Louise, pas doux doux mais, faut de tout. Et puis, elle est vraie, la dame.
(Sûr que ma mandarine à côté, c’est Oui-oui au pays des bisounours ! Ouafff)
“L’art est une mandarine”, parait que c’était un slogan de 68, une formule pour dire la beauté des choses. Ton pied ne s’y est pas trompé !
D’autant plus que les mandarines sont très rarement représentées en peinture ! Par contre, en cherchant suis tombée sur ça : Louise Bourgeois : l’araignée, la maîtresse et la mandarine, un docu qui m’a l’air fort intéressant. À quoi ça mène, hein, une mandarine artistique sous un pied distrait ?
Voilà donc que moi aussi d’une autre manière… Je suis dans les arbres. 10 plaques de lino gravées… 10 arbres… Les travaux d’ impressions sont prévus pour la rentrée. Alors avec le banc/poème, il y aura de quoi s’installer pour méditer à l’ombre de ces arbres. Amitiés Claire.
Oh que c’est bien ! Des bancs, des arbres, des poèmes, de l’ombre : que du bon, que du beau ! Me tarde. Travaille bien, l’ami, régale toi ! Que la dendolâtrie soit avec toi.