L’eau calligraphie. Elle écrit. Les oiseaux comme nous hiéroglyphent, avec leurs pattes.
Nous déchiffrons le tout, vaguement. Les vagues effacent l’écriture de pattes de mouche des oiseaux et écrivent autre chose à la place. Les vagues se moquent de nos mots posés sur sa calligraphie. C’est un jeu où tout le monde gagne. Les oiseaux recommenceront. L’eau aussi. Et nous… c’est plus fort que nous ! C’est un immense palimpseste.
L’eau écrit différemment selon qu’elle est douce ou salée. La grande eau salée adore faire l’ardoise magique : elle trace des signes, des sillons, des petits chemins parsemés de bouts de coquillages et puis d’un coup, elle efface tout. Il faut lire très vite, connaître l’alphabet des vagues et faire une phrase avec nos mots. C’est difficile.
Et pas indispensable ! Ou alors, on peut laisser le vent emporter nos traductions approximatives et regarder le chien galoper dessus. Lui, les mots de l’eau, il les gobe, les happe, les dévore puis il court dessus, laissant ses traces à lui raconter une autre histoire. L’histoire du chien qui sait lire l’écriture de l’eau.
Photos Clarisse Mèneret
Voir ce chien courir au galop me comble de joie…. Sa fiancée est l’eau…
Juste, très juste… Sa première amoureuse, l’eau. Toi, juste après ou ex aequo, ou plutôt : sa mère ! et après encore, moi, j’espère… Mais pas si important. On l’aime et il nous
aime, nous et l’eau !
Une écriture de l’éphémère, qui pourtant laisse trace. On se souviendra du jour du chien et des oiseaux. Est-ce qu’on peut dire que tour de la magicienne ardoise n’est pas tout à fait, tout à
fait réussi ?
Elle en a plus d’un dans son sac, la magicienne ! L’oubli prend de ces formes parfois… Comme le souvenir. Malléable et tenace, miroir déformant, miroir d’eau où tout s’ébroue.