Mais d’où vient, chez les anglais, ce génie du vocabulaire animalier ? Il y a quelques jours, je découvre une video – que je vous offre – ainsi intitulée : murmuration of starlings. Murmuration : le mot m’intrigue. Les français diraient « un vol d’étourneaux », parfois peut-être plus poétiquement « une nuée ». Pour les anglais, c’est une (décidément, je choisis le féminin) murmuration. Ce terme n’a pas de traduction et sert exclusivement pour la bande d’étourneaux.
Vous me savez curieuse : je veux savoir pourquoi un tel vocable est utilisé dont je ne trouve pas l’équivalent en français. Un mot qui donne à la fois le visuel et le sonore et plus encore. Et je rencontre ainsi le « nom collectif », collective noun en anglais, catégorie bien connue de tous, dénomination moins connue de moi en tous cas.
Le nom collectif désigne un ensemble d’êtres, d’objets : une foule, une horde, une meute etc. Bon, ça on voit, on connaît. Vous savez, ce genre de mots dont on ne sait jamais s’il faut l’accorder avec le premier ou le second terme de l’expression. Ex : « une bande d’énergumènes A ou ONT envahi le stade ».
Mais les anglais, eux, inventent carrément des mots pour désigner les groupes d’animaux et ça donne des expressions fantastiques : a murder of crows, a pride of lions, a gaggle of geese ! C’est une merveille de poésie, d’inventivité, de liberté et de jeu avec la langue, même si certains de ces mots viennent de l’ancien vocabulaire de la chasse.
Alors je propose de trouver nous aussi des noms collectifs de toute beauté. On peut inventer des mots ou se servir de mots existants mais dans un voisinage surprenant. J’ouvre le feu avec une forêt de grues, un exhiballet de pipistrelles et un fredonnement de frelons. À vous de jouer : osez, osons une fierté de lions, un meurtre de corbeaux !
À droite : « Un éblouissement de zèbres »
Toutes les images de ce billet sont extraits d’un collectif de graphistes anglais, Woop Studios, qui a – ou ont – illustré le collective noun ; je mets le lien vers l’article :
Et enfin, un certain James Lipton a publié en 1968 An Exaltation of larks – « Une exaltation d’alouettes » – livre maintes fois enrichi jusqu’à la dernière édition de 1993, un jardin des délices pour les amoureux des mots, paraît-il.