Il disait que pour composer, il lui fallait » une espèce de forêt à l’intérieur « . Il disait de lui qu’il était lyrico-dérisoire. Il n’aimait pas ce pourquoi il était aimé. Il s’est assassiné dans un champ de blé comme Van Gogh, rôle pour lequel il avait été pressenti.
Manu Dibango, ami de première date et premier africain à être embauché dans un orchestre en France dit de lui que c’était un prince loufoque… Il raconte aussi qu’en tournée, les jours sans concert, il arrivait parfois que Nino demande à s’arrêter dans les bois et tous improvisaient alors un énorme méchoui.
Quand, en 1977, il était parti loin dans le Lot, Nino avait trouvé la peinture entre autres boussoles. Et l’écriture [ Et l’araignée s’interroge sur la raison de la disparition totale et définitive de la chaleur et du vent, de la musique et de la nourriture, des vibrations et du mouvement, du ronflement et de la lueur verte qui illuminait parfois ses toiles et en irisait les théorèmes.] Et la nature… Cela n’a pas suffi.
Non, il n’aimait pas ce qui avait fait sa gloire : les Mirza, les Gaston et autres Cornichons : nous, on adorait ces inventaires dingo à la Perec ou à la Prévert, on aimait le déjanté façon Queneau et puis c’était si bien pour « jerker » … On sentait bien qu’il n’était pas que cela, que derrière le pitre se cachait – comme si souvent – un grand mélancolique.
Et si on écoutait celles que Nino voulait tant qu’on aime ?