C’est un peu du réchauffé mais quoi de mieux qu’un bon coup de gueule pour reprendre le collier : je suis d’une humeur de chien !
Jeudi 13 janvier, en pleine tourmente tunisienne, je regarde LCP la chaîne parlementaire et les questions au gouvernement : un député demande comment la France se positionne par rapport aux “évènements” de Tunisie. Et là, nous n’en croyons ni nos yeux ni nos oreilles et pourtant, c’est vrai : Michelle Alliot-Marie répond en 3 minutes -le temps imparti, je crois – et dit des choses à hurler de colère : elle propose, à l’Assemblée nationale, le savoir-faire français à la police tunisienne pour “régler les situations sécuritaires” . Tout en invitant les dirigeants à “mieux prendre en compte les attentes” des populations, elle a suggéré que “le savoir-faire, reconnu dans le monde entier, de nos forces de sécurité, permette de régler des situations sécuritaires de ce type”. “C’est la raison pour laquelle nous proposons effectivement aux deux pays [l’Algérie et la Tunisie] de permettre dans le cadre de nos coopérations d’agir pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l’assurance de la sécurité.”
Je l’ai vu et entendu. On avait déjà passablement honte de la frilosité (?) totale des dirigeants par rapport au gouvernement tunisien. Mais là !!! Tout ce que dit cette bonne femme, sa réponse de ministre des Affaires Etrangères, c’est “on peut les aider à mater cette révolte “. Honte honte honte : ce gouvernement n’est pas le mien. Vraiment colère sur le coup.
Attention : je n’évoque pas mes opinions politiques ici, juste un coup de gueule pour dire qu’il y a des limites à l’ignominie et que j’ai pris ces phrases en pleine figure.
Après la désertification politique à laquelle ce pays a été soumis pendant 23 ans, l’assèchement de l’information (refertilisée par la blogosphère !), il est évident que les difficultés s’annoncent et que la démocratie ne se décrétant pas mais se travaillant, nos amis ont du boulot ! Mais qu’au moins, des mots prononcés par une responsable politique ne viennent pas entacher cet espoir. MAM démission !
Je vois partout que ces propos génèrent beaucoup de réactions. Tant mieux mais est-ce suffisant ? Allez, les politiques, réveillez vous !
C’est vrai que la France a une certaine expérience pour “règler les questions sécuritaires” (grace aux Massu et autres Bigeard entre-autres). Elle a déjà exporté ce savoir-faire avec le succès
que l’on sait en Argentine par exemple, les militaires en étaient très contents. Alors pourquoi pas en Tunisie ? C’est la crise ! Il faut exporter !
Quand même. On voit bien dans quel monde vivent ces politiques : ils sont une caste d’intouchables aveugles. Ils n’ont même pas pensé que la révolution pouvait être en marche et que l’affaire
pouvait être grave (alors que c’est leur métier !). Ils n’ont vu qu’un soubresaut que Ben Ali allait régler sans difficulté, comme d’habitude.
Que Ben Ali soit un gangster mafieux m’écoeure moins que notre ministre qui vole à son secours en ayant l’impression de faire son devoir.
Cette honte va être difficile à détacher.
La sécurité de qui, scrogneugneu ? Celle des gens sur lesquels on tire dans la rue ? Ces évidences verbales me hérissent ! Quant à l’exportation de ce savoir-faire dont vous parlez bien, Horus,
ça “se” vend aussi, donc ! Ou ça se troque contre qui sait quoi ! Cynisme total et honte partagée.
Plutôt une antiphrase…
“Sensibilité militaire” pourrait peut-être être considéré comme un oxymore.
Ouvrons le débat…
Antiphrase, oui, ça me plaît bien ! C’est sans doute la “sensibilité militaire” de Ma’me qui lui fait prononcer toutes ces jolies phrases si fines et délicates. Donc ce n’est pas de sa faute,
c’est la faute à Oxymoron ! Et voilà qu’aujourd’hui, Ma’me est scandalisée de l’interprétation que l’on fait de son intervention. L’est-elle autant que nous lorsque nous l’avons entendue ?
ANTIPHRASE… ça va rester, je pense. Merci de tes lumières, Véronique.
As-tu entendu aujourd’hui comment MAM a buté, dans son allocution devant les députes, sur le mot “sensibilité” ? Sans doute un terme qu’elle a du mal à comprendre. Je suis certaine qu’il y aurait
toute une analyse à faire de ce discours…
Non, je n’ai pas entendu… Je vais essayer de le trouver sur les retransmissions LCP. Mais j’ai peur d’entendre des mots qui me flanquent en rogne. Le mot sensiblilité dans la bouche de
la dame est comme un oxymore, non ?
Toute notre politique actuelle est “à pleurer”, je ne dirais rien d’autre.
Faut pas pleurer, faut gueuler même si ça ne sert à rien ! Ça soulage (un peu). Bonnes pensées à toi, franginot.
aH ! Pour un peu, ça ferait rire, mais non, ça ne fait pas rire du tout, mais pas du tout. Voilà ce qui passe par les têtes ! on ne comprend rien à rien, ce n’est pas notre plage, là !
Je t’embrasse doudoux. Merci pour ce coup de gueule.
J’enrage encore ! Et le lendemain, Vedrine remettait ça à France Culture, légèrement muselé, cette fois par le “speaker”. Ce n’est pas une histoire de bonne conscience, hein, c’est de
l’indignation. Merci, ma Birgit… les colères partagées sont moins lourdes.