Qu’est ce que vous regardez en premier chez un homme (ou un femme selon l’interlocuteur) ? À quoi, Catherine Lara répondait avec beaucoup d’humour : “Sa femme”. Beaucoup répondent : “ses mains”. Eh bien moi, je dirais : sa VOIX. Pas que chez un homme d’ailleurs. Peut-être parce que le son tient une place privilégiée dans ma perception globale, ma sensibilité aux voix est démesurée. Et c’est vrai que je les vois, les voix : certaines possèdent la douceur du velours, oui, un tissu très caressant : j’ai une amie qui a une voix comme ça : elle pourrait dire n’importe quoi – ce qui n’est pas le cas – je l’écouterais des heures. Une voix comme celle d’après :
Inversement, certaines femmes ont une voix absolument insupportable pour moi : non seulement, elle est aiguë – ce qui en soi peut passer, on est pas obligées d’avoir toutes une voix de contralto – mais elle crisse comme une craie sur le tableau. Ou bien elle nasille. Quand les deux s’additionnent, on confine au supplice. Il y a de jolies voix assez haut perchées quand le débit est doux, que cela chante. Mais lorsque ce ne sont que décibels métalliques, je dois l’avouer, je passe mon tour, je sors. Comme après un coup de sifflet de l’arbitre.
Certaines voix d’hommes sont quasi irrésistibles. Difficiles à décrire, elles sont graves et chaudes, comme des mains sèches et chaudes mais fortes. Dans une voix, c’est le timbre qui compte. Mais je suis incapable de le définir. Histoire de vibrations, je crois, de couleurs.
Souvenir : un oral à la Fac, il y a cent ans, déjà fumeuse de Gauloises, ce jour-là grosse bronchite en prime. Le prof – de Nouveau Roman – me propose un sujet qui me laisse sèche sèche sèche. Je commence à bafouiller des trucs et il m’arrête net : “Mais d’où sortez vous une voix pareille ?” Je voyais bien qu’heureusement, il n’écoutait pas ce que je disais mais qu’il écoutait ma voix. Je lui réponds : “D’un paquet de gauloises par jour plus une bronchite”. J’ai été archi nulle pour cet oral et je sais bien que c’est à ma voix que je dois le 10 (sur 20 quand même) attribué ce jour-là.
C’était facile la question… C’est vrai que Anna K, elle a une voix craquante. Du temps que je vivais en province l’ascenseur de mon immeuble parlait et avait une façon d’annoncer “rez de
chaussée” qui me faisait penser tous les matins à AK. Quant à la Scala, suffisait d’écouter France-Musique samedi soir. C’était très bon. A propos de France Musique, on s’étonne que Mme
Tempesdutemps ne nous entretienne pas de la voix de certaine animatrice matinale qui, on le suppose, ne peut pas ne pas l’énerver…
Vous aviez bien de la chance avec votre voix d’ascenseur ou alors… beaucoup d’imagination ! Celles que je connais, c’est plutôt Alien en phase terminale.
Mme Tempesdutemps ne s’abaisse pas à parler d’une non-animatrice qui n’a pour elle que son accent exotique ! Non, j’aurais aimé parler de Denise Glaser… Voilà, c’est fait. Merci Anna (et
Violetta aussi).
Trop forte ! rien gagné mais c’était juste que quand tu écris “un femme”, je ne sais plus où on en est de ces question de “gender studies”qui me pompent l’air!
Moi, je regarde les mains, les yeux, les fesses, les jambes, le nez, les bras et si tout est bien accroché ensemble et que cela me plaît, j’emporte le morceau entier…
Et c’est qui ? c’est qui la “voix de velours” ? Je viens d’écouter la retransmission de La Traviata à la Scala de Milan dans la mise en scène du russe Tcherniakov : ça m’a fait penser à La Grande
Bellezza…
Pas vu le UN femme et mon correcteur en chef ne me l’a pas signalé ! (Va être rétrogradé, celui-là). Du coup je le laisse, sinon, nos lecteurs ne comprendront rien à ton commentaire.
T’as bien raison de tout regarder ! C’est vrai, quoi, un nez adorable sur des pattes d’éléphant, ou pour un homme, un corps d’éphèbe avec une voix de mounaque, ça l’fait pas !
La retransmission, tu as écouté ou vu parce qu’ils la donnaient à la téloche mais ça a foiré, du coup on a eu droit aux images de Toscanini : pas mal quand même. Mais pour te faire penser à
La Grande Belleza, ça devait être beau beau beau !
“Je ne suis pas infâme, je suis UNE femme…” Quelle actrice ? Dans quel film ?
(cliquètement du métallophone pour le compte à rebours…)
Moi, M’dame, moi, je sais !! Qu’est-ce que j’peux faire ?
(J’ai gagné quoi ?)
Quoi… Un paquet de gauloises par jour, tu nous la jouais à la F. Sagan! Ma soeur, mon frère en ce jour du 5 décembre que j’ai été heureuse d’entendre vos voix, elles coulent de source. J’ai et
j’aurai toujours ces timbres de voix très chers dans ma tête et mon coeur. On dit que de nos disparus nous reste les traits (heureuses photos…) et la voix disparaît peu à peu… Pourquoi?
En fait, c’était les “Troupes” du vieil éléphant que je piquais dans l’armoire ! Ta voix de fumeuse n’est pas mal non plus;
Pour la voix des absents, je ne suis pas sûre. C’est étrange comme mémorisation : c’est d’une puissance énorme, la mémoire de la voix. Quand tu entends celle des disparus (K7, disques etx.),
c’est de l’ émotion, pure, c’est tout le corps qui apparaît ou l’absence.