photo Robert LebeckBaudoin, roi des Belges, se déplaçait en décapotable dans les rues de la ville pour saluer la foule. On est à la veille de l’indépendance du Congo dit belge qui deviendra République du Congo, puis Kinshasa, puis Zaïre puis de nouveau République Démocratique du Congo. Baudoin 1er a fait le voyage à “Léo” pour remettre les clés de la maison et signer la fin du système colonial. À un moment du défilé, et cela se passe très vite, un jeune noir dérobe son sabre à Baudoin. Il est maîtrisé par la police, libéré le jour même sur ordre du souverain et le sabre est rendu à son propriétaire.
Mais le fait n’était pas dérisoire et l’on peut faire de ce geste, apparemment commis avec la bénédiction des autorités, plusieurs lectures qui se combinent : on peut y voir le refus de prendre l’indépendance comme un don de la Belgique. On peut sûrement aussi l’interpréter comme une volonté d’humilier l’ancien colonisateur.
Lancés sur les traces de l’auteur de ce geste fou, Dries Engel et Bart Van Peel, réalisateurs du film Boyamba Belgique / Ayez confiance en la Belgique, finiront par retrouver Amboise Boimbo, le voleur d’épée, héros secret et éphémère. ci-dessous, clic droit ouvrir
http://www.dailymotion.com/video/xdqtam_ambroise-boimbo-le-voleur-de-l-epee-du-roi_news
Le documentaire est passionnant, construit comme un polar, plein de rencontres et de fausses pistes. Il dit aussi autre chose, comme une métaphore, comme un conte…
Je me souviens de ce passionnant documentaire il y a 3 ou 4 mois (?) sur Arte. Cet événement apparemment anecdotique où tout le monde semble de mèche, le roi (impassible !), Mobutu (rigolard),
les flics (qui font ceux qui ne voient rien), au point que l’on croit à une farce, est en fait lourdement symbolique et les Congolais ne s’y trompent pas : pour eux, ça n’est pas une farce (c’est
vrai que le jeune Beaudoin lui-même, amidonné dans son habit tout neuf de roi, n’inspire pas la rigolade). Aujourd’hui où la République du Congo vit dans un terrible chaos, le “farceur” est un
héros national emblématique ressuscité, une revanche sur le passé colonial. On voit bien avec quel empressement il est “récupèré”.
Jusqu’à la fin, ce docu nous raconte une fable à la La Fontaine où les protagonistes animaux seraient masqués en homme (le voleur étant évidemment un singe). Et manifestement, les Congolais
adorent les fables. Le piment vient du fait que, dès le début, on ne sait pas si c’est du lard ou du cochon. Mais dans les deux cas, quelles histoires !
Quant à la chute finale, c’est la cerise sur le gâteau qui rend l’histoire immortelle : même dans le palais du roi, le sable reste introuvable ! Preuve qui consolide toutes les versions. Le mythe
est né.
Je serais curieux de savoir comment les Congolais raconteront cet événement dans quelques années. Ou plutôt : combien de versions différentes circuleront ?
Merci
Pour ajouter quelque chose et faire un peu mon savant ; donner l’indépendance “gentiment” à un Etat serait tout à fait en opposition avec le principe de “l’imperium des puissances”
(géopolitique).
Principe qui veut qu’une nation ait toujours pour objectif de s’agrandir, ses “doigts” poussent dans toutes les directions pour s’accaparer du terrain.
Aujourd’hui, pratiquement tous les terrains sont occupés par des nations, ce qui explique en partie les nombreux conflits actuels.
“Mais ne crois-tu pas à cette interprétation d’ indépendance prise et non donnée ?”
J’ai très peu d’exemples, pour ne dire aucun, d’indépendance donnée.
A mon avis toute indépendance d’un état a été le fruit d’une lutte, sous une forme ou sous une autre.
Tu as complètement raison !
Tout d’abord parlons de la musique de Tintin.
Que de souvenirs, combien de fois ai-je entendu cette musique alors que j’enregistrais chaque épisode pour mes enfants.
A-t-elle inspirée celle des “Aventuriers de l’Arche Perdue” (de Steven Spielberg avec Harrison Ford) ? Je me pose la question, car certaines suites de notes m’y font penser.
Sinon, l’histoire du sabre est surprenante et rocambolesque. Que dire du service de protection ? Le roi aurait pu être simplement trucidé.
Quelle idée bizarre, alors que l’indépendance était pour le lendemain.
J’ai bien aimé la “magie” pour retrouver la tombe d’Ambroise Boimbo, de la bière versée sur le sol … puis dans les gosiers.
Puis, que de vie, que d’enfants, ça grouille dans la curiosité mais aussi dans la dignité.
Le vieux Tintin – 81 ans ! – fait encore plaisir… le belge le + connu de l’univers !!
Je ne crois vraiment pas que le roi risquait quoique ce soit : ils étaient enfin libres, pas le moment de déclencher un conflit. Mais ne crois-tu pas à cette interprétation d’ indépendance
prise et non donnée ?
Moi aussi j’ai complètement accroché à toute cette vie, ce soi-disant irrationnel, cet autre rationnel.