L’anti-carte postale post retour

Quand on revient…
Volver : le retour
Vues du train, les arrières-cours marseillaises sont pathétiques ; mais, soyons honnêtes, sous la grisaille d’un jour de février, les arrières-cours de tous les pays flanquent le cafard.

L’étrange pays si peu aimable, de vignes à même les marais, quelque chose de définitivement poussiéreux, rose sale, gris pas propre, sable cracra, et soudain, au milieu de cette crasse beigeasse, trois flamants roses en vol, cou coudé, irréels. Heureusement qu’ils étaient là, à ce moment…

J’ai aimé voir la Méditerranée grise, petite mer comme un lac, sans vague et sans marée, je l’ai trouvée bien petiote, oui, pas étincelante du tout, désuète. Même les mimosas avaient l’air d’être infiniment fatigués : l’anti-carte-postale. Ne cherchez pas l’objectivité : c’est bon de revenir. À partir de Toulouse, les paysages se sont faits familiers, doux et humains.

Je ne suis pas une vraie voyageuse : je crois que j’aime partir pour pouvoir revenir ! Ou plutôt, j’aime l’aller et le retour, le mouvement. Ce n’est pas vraiment là où je vais qui m’enchante, c’est y aller. À moins que ce soit ça, le voyage, partir, revenir et que la destination soit une parenthèse, enchantée ou pas.

Demain, j’irai saluer notre océan géant, fouler un milliardième du sable des plages immenses, guetter les mimosas qui se préparent et attendre calmement le printemps aquitain.

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Ulysse de Banlieue
Ulysse de Banlieue
il y a 12 années

C’est vrai, les banlieues vues du train (mais d’ailleurs, voit-on les banlieues autrement que du train?) c’est un spectacle fascinant. Il faudrait faire une anthologie des banlieues les plus
laides du monde. Pour moi, j’ai découvert ça (mais j’étais très jeune et ignorais tout du monde), ma découverte, depuis la fenêtre noircie d’un train à vapeur,  fut la banlieue de Gênes. (où
il n’y a pas de plaisir, ce qui me donne envie d’aller voir celle de Piacenza). Depuis j’ai vu bien pire, et celle de Paris, surtout. Oui mais quand je rentre par le train à Paris, quel plaisir
d’enfin de traverser cette banlieue si laide : c’est le signe que je ne suis plus très loin de chez moi. Il faut dire que j’habite  – pour le moment – une ville sans banlieue, ou presque.
 Merci pour ce billet qui donne tant d’envies de voyager tout en rentrant chez soi, et puis, autre mais combien grand sujet ! la comparaison entre cette Méditerranée séduisante mais… et
l’Atlantique, bien moins racoleur, mais sublime (forcément).

 

TempesduTemps
TempesduTemps
il y a 12 années

Oh Oh, Ulysse, j’ai l’impression en vous lisant que vous parlez du XIX ème siècle ! Depuis quand la notion de banlieue existe-t-elle ? Étaient déjà laides, il y a longtemps ?

Je suis triste de lire que Paris est “chez vous ” , et que même en traversant ces faubourgs hideux, vous vous réjouissez de retrouver “votre ” ville. Rassurez-vous : quand je faisais le voyage
Paris-Bordeaux, l’arrivée sur la ville était totalement sinistre mais j’entrais dans ma province et m’en réjouissais. Allez, dites le que vous n’êtes parisien que d’adoption !

Nana Massart
Nana Massart
il y a 12 années

Comme j’ai aimé voyager! vivre avec le strict minimum vital, pas d’encombrement. Aller vers l’inconnu, s’enrichir l’esprit et connaître la jubilation du retour.J’en aurais des anecdotes-trains à
raconter…A Meknès, Marseille via l’Allemagne, Romilly/seine, Toulouse… Le train pour moi a toujours été une “Petite angoisse”. A l’approche des gares, ne pourraient-ils pas faire pousser de
jolies haies? Bambous, aubépines, argousiers, hêtres, lauriers cerises et sauces pour faire encore frémir les yeux, le nez. Aussi agréables côté jardinets que côté rails…Il suffirait de si peu
pour nous rendre beaux.

TempesduTemps
TempesduTemps
il y a 12 années

Les voyages en train, sûr que tu connais ! Peut-être que l’angoisse te vient de ce fameux jour où Mam était descendue acheter des sandwiches en me laissant à ta garde, des valises en guise de
barrières… Toi 6 ans et moi 2 ? J’en frémis pour toi, a posteriori !

On traverse parfois de si belles campagnes et l’arrivée dans le villes est si souvent sinistre que ton histoire de haies – tous ces jolis noms de végétaux – devrait être déclarée d’utilité
publique !

L’arrivée à Antibes se fait quand même, en cette saison, dans une forêt de mimosas fleuris.

Denis
Denis
il y a 12 années

Les sketchs de Magdane m’ont toujours fait rire, du moins sourire. Il a un accent bien à lui que j’aime beaucoup, et qui renforce le côté humoristique de ses histoires.

Oui, il serait nécessaire de transporter un sacré bazar pour reconstruire son petit monde de tous les jours. Par exemple, j’ai beaucoup de mal à ne pas prendre mon premier thé dans MA grande
tasse. C’est moins savoureux dans un autre contenu, c’est comme ça.

En voyage, le p’tit déj est ce qu’il y a de pire ! 

TempesduTemps
TempesduTemps
il y a 12 années

Il est drôle (je pense à son sketch du dentiste qui est à pleurer de rire : nous avons tous le même dentiste, on dirait !).

Le p’tit déj et les voyages : tout un drame ! Pour moi, qu’importe le flacon, pourvu que j’aie mon café, mais pas nimporte quel café ! Ce serait trop simple, de se contenter du petit noir du
bistrot du coin ! Non, mon café à moi, bien américain, imbuvable pour les gens normaux… Parfois, je m’en préparais du-comme-j’aime dans un thermos…

Denis
Denis
il y a 12 années

Je ne suis pas un littéraire, mais je crois que Colette écrivait que « le voyage n’est nécessaire qu’aux imaginations courtes », elle exagérait quand même un peu.

Mais ça m’arrange, je n’aime pas voyager. Je n’aime pas la préparation, l’agitation, le “mouvement collectif” des transports, la peur d’oublier la brosse à dents. Pour finir, je n’aime pas les
touristes !

Rien ne vaut une bonne randonnée dans un coin reculé de notre belle France, et difficilement accessible pour la raison évoquée plus haut.

TempesduTemps
TempesduTemps
il y a 12 années

Colette a sûrement dit ça : les personnalités et les écrivains sont si différents devant les évènements de vie ! Certains ont quasiment l’obligation du voyage, d’autres les fuient comme la peste,
se suffisant du voyage autour de soi-même (Confucius).

Moi, le truc qui m’embête, c’est tout le bin’s qu’on trimballe. Voir le sketch de Magdane sur Le merdier. Extrait :

Pour les vacances, il faut être raisonnable. Donc, pour les vacances, tu te fais un mini merdier.
Un merdier portable. Deux valises de merdier, minimum !!! Le best of !
Tu arrives à l’aéroport, tu enregistres tous tes bagages, mais tu ne peux pas t’empêcher de garder un petit sac de merdier avec toi.
Le merdier que tu aimes le plus. Le merdier, que si l’avion s’écrase, tu veux l’avoir avec toi. On est cons !!!
Et tu t’assois dans l’avion avec ton petit sac de merdier, et là, l’hôtesse elle passe, et elle te dit :
« Vous pouvez pas garder ce merdier sur vos genoux ! Ah non, vous devez le mettre dans les coffres à merdier »;
Et là, tu donnes ton sac à merdier, et avant, tu ne peux pas t’empêcher de prendre deux trois merdes à l’intérieur.
C’est pour te sécuriser. Des conneries, un bâton de rouge à lèvres, on ne sait jamais, si l’avion s’écrase. Ah, ah.
Tu les vois, les gens dans l’avion. Ils n’arrêtent pas de se lever toutes les 5 minutes.
Parfois, tu te dis : “C’est pas possible, ils ont du perdre quelque chose !” Etc.

Bon, pour le coin reculé, c’était raté : Saint Paul de Vence, c’est pas la pampa mais il n’y avait vraiment pas grand-monde à part quelques japonaises.

 

horus
horus
il y a 12 années

Voilà un point de vue original ! C’est pas souvent que notre sud-est attire ce genre de commentaires. Le pays du soleil n’aurait-il plus d’attraits sans soleil ?

Sans doute le point de vue depuis le train est particulier. Le tracé des voies ferrées ne fait pas dans la dentelle. Il file tout droit sans soucis esthétique, il tranche violemment dans le
paysage, pénètre dans les jardins, viole les arrière-cours qui ne sont pas toujours bien rangées, ignorant que des regards indiscrets violent cette intimité à chaque train qui passe.

Je ne suis moi-même pas un grand voyageur. Je n’ai jamais connu le désir pressant de partir (de fuir ?), d’aller voir ailleurs, persuadé qu’il y a autour de moi tant de choses que je n’ai pas
encore vues. J’imagine que le vrai voyageur est partout chez lui, je n’ai pas cette grâce. Et pourtant je continue de me délecter des voyages des autres, je pense à Nicolas Bouvier dont la
compagnie m’enchante et ne me lasse jamais. En fait, ce qui me gêne le plus dans le voyage, c’est que je ne suis plus chez moi mais chez les autres et cela me met mal à l’aise. J’ai peur de
déranger. Je vous laisse imaginer l’idée que je me fais de la vie d’un immigrant…

TempesduTemps
TempesduTemps
il y a 12 années

Ah oui, le train n’épargne pas le sens esthétique des voyageurs : s’en fout le train ! Le train ne traîne pas.

Mais non, partir n’est pas fuir, je vous assure, Horus ! Et l’on voyage pour ne pas se sentir chez soi, justement. Enfin, moi en tous les cas. Car de l’inconfort naît… la distance, le regard
distancié. La notion de ” chez soi ” se limite à l’appartement. Quelques mètres carrés d’intimité, d’espace très personnel.

Pauvre vous ! Ne se sentir nulle part à l’aise. Même chez les amis ?

warren
warren
il y a 12 années

For my part, I travel not to go anywhere, but to go. I travel for travel’s sake. The great affair is to move.

Robert Louis Stevenson

Nous sommes, donc, d’accord avec le grand RLS

 

TempesduTemps
TempesduTemps
il y a 12 années

Ben voilà : le grand Stevenson l’a dit et il sait de quoi il parle ! Ça me fait bien plaisir.. TO MOVE, voilà l’affaire. Merci, Warren, je vais aller rêver des Cévennes.

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