Je pleure encore et encore à lire le récit de l’arrestation de Robert Desnos fait par Youki Foujita, sa compagne d’alors ; oui, sans honte et sans retenue.
J’ai envie de pleurer quand je vois la dernière photo, prise au camp avant qu’il ne meure…
J’aime l’idée qu »il ne se soit pas entendu avec Breton.
J’applaudis qu’il ait ramené Alejo Carpentier, harcelé par la dictature de Machado.
J’aime l’histoire de son discours pour Garcia Lorca et je jubile qu’il ait giflé un journaliste fâchiste.
J’ai de la tendresse pour ce visage lunaire, grave et généreux.
Je souris, à l’extérieur à l’intérieur, à lire à relire les textes de celui qui avait déjà ma préférence, ma préférence à moi, il y a si longtemps…
LA VOIX
Une voix, une voix qui vient de si loin
Qu’elle ne fait plus tinter les oreilles,
Une voix, comme un tambour, voilée
Parvient pourtant, distinctement, jusqu’à nous.
Bien qu’elle semble sortir d’un tombeau
Elle ne parle que d’été et de printemps.
Elle emplit le corps de joie,
Elle allume aux lèvres le sourire.
Je l’écoute. Ce n’est qu’une voix humaine
Qui traverse les fracas de la vie et des batailles,
L’écroulement du tonnerre et le murmure des bavardages.
Et vous ? Ne l’entendez-vous pas ?
Elle dit » La peine sera de courte durée «
Elle dit » La belle saison est proche. »
Ne l’entendez-vous pas ?
CONTRÉE (1936-1940)