Je pleure encore et encore à lire le récit de l’arrestation de Robert Desnos fait par Youki Foujita, sa compagne d’alors ; oui, sans honte et sans retenue.
J’ai envie de pleurer quand je vois la dernière photo, prise au camp avant qu’il ne meure…
J’aime l’idée qu”il ne se soit pas entendu avec Breton.
J’applaudis qu’il ait ramené Alejo Carpentier, harcelé par la dictature de Machado.
J’aime l’histoire de son discours pour Garcia Lorca et je jubile qu’il ait giflé un journaliste fâchiste.
J’ai de la tendresse pour ce visage lunaire, grave et généreux.
Je souris, à l’extérieur à l’intérieur, à lire à relire les textes de celui qui avait déjà ma préférence, ma préférence à moi, il y a si longtemps…
LA VOIX
Une voix, une voix qui vient de si loin
Qu’elle ne fait plus tinter les oreilles,
Une voix, comme un tambour, voilée
Parvient pourtant, distinctement, jusqu’à nous.
Bien qu’elle semble sortir d’un tombeau
Elle ne parle que d’été et de printemps.
Elle emplit le corps de joie,
Elle allume aux lèvres le sourire.
Je l’écoute. Ce n’est qu’une voix humaine
Qui traverse les fracas de la vie et des batailles,
L’écroulement du tonnerre et le murmure des bavardages.
Et vous ? Ne l’entendez-vous pas ?
Elle dit ” La peine sera de courte durée “
Elle dit ” La belle saison est proche.”
Ne l’entendez-vous pas ?
CONTRÉE (1936-1940)
Robert, tu entendais la voix de la Victoire ;
Pourtant le quotidien était encore obscur,
Et d’en sortir vivant, tu n’étais pas trop sûr.
D’avoir ainsi chanté, c’est ton titre de gloire,
Dans le siècle suivant, il est de toi mémoire,
Comme d’un qui savait employer des mots durs,
Mais aussi d’autres mots, doux comme des fruits mûrs,
Comme d’un qui savait raconter une histoire.
Nous savons qu’avec toi l’ennemi fut sévère,
Qu’il te fit embarquer dans sa sombre galère
Et terminer ta vie en souffrant mille maux.
Tu n’es pas revenu de l’exil redoutable,
Les copains n’ont plus mis ton assiette à leur table ;
Mais ils rêvent le soir, en retrouvant tes mots.
Je suis désolée mais je crois que la machine n’a pas respecté la disposition du sonnet (4 strophes etc.). L’esprit y est.
Merci.
“Hiboux, bijoux, choux, genoux, poux, cailloux, joujoux…”, je me souviens vaguement de cette comptine qui faisait suite à notre apprentissage de la langue française :
Les hiboux
leurs yeux d’or valent des bijoux
leur bec est dur comme cailloux
ils sont doux comme des joujoux
Mais aux hiboux point de genoux.
Je vais me pencher plus sérieusement sur les écrits de R. Desnos, car je suis bien légère!
Je l’avais complètement oubliée, celle-là ! Elle est bien mignonne. En plus, Desnos a beaucoup écrit pour les enfants (même les grands enfants !).
Merci, ma Nana