Signes annonciateurs, chaleur accablante ! Ahhhh les beaux nuages gris anthracite… Ohhhh les beaux éclairs verticaux et zigzagant… C’est l’opéra de l’orage, avec ses roulements de cymbales et les castagnettes de la pluie, une bonne pluie, généreuse, tombant bien droit, grosses gouttes goulûment avalées par le sol, bues par les feuilles. Le bien que ça fait assorti du petit plus de l’archaïque effroi ! Même la minette Nina était soulagée ce matin et observait l’animation dans le parc : même pas peur ! La greffière était au ” pestacle ” (métathèse et toc ! cf. devoir de vacances de V.), !
Photo Francis Massart
Et, ” comparaison n’est pas raison ” (paronomase), souvenirs d’orages africains : ceux que ma mère courait voir au fond du jardin malgré l’interdiction parentale à Blida (Algérie), les miens à Marrakech, la peur de ma marraine qui, à ma stupéfaction, se signait à chaque éclair, souvenirs confondus en une mémoire d’eau, en un même courant qui va au temps, sous la terre.
Ce soulagement après la tension, la conscience d’assister tout de même à un phénomène d’une puissance très surhumaine et l’émerveillement de tant de bruits, d’odeurs et de couleurs, tous sens tendus.
On dit que certains photographes passent leur vie à essayer de faire de bonnes photos d’éclairs ; on dit que les enfants conçus une nuit d’orage auront un caractère difficile et un destin tumultueux ; on dit… on dit…
Allez, levez-vous vite, orages désirés…
J’aime, j’aime, j’aime……En Oman, lorsque les oueds se mettaient à gronder à enfler à rouler des troncs de palmier.Entre les passages coupés, nous restions à l’abri dans les 4/4 sur le bord de
la route un peu en hauteur bien sûr! pour une heure, deux ou trois, écoutant le roulement des cailloux.Ce grand désordre, ce fracas me rendaient “fofolle d’excitaton” Nous savions que nous
aurions de l’eau jusqu’aux genoux en rentrant à la maison…Et nous nous sentions lavés de toute la poussière tourbillonnante collante récoltée tout au long du parcours sur piste. Orage
soudain magnifique disparaissant subitement.
Mince, je suis bien courte en figures de la syntaxe ! toi, tu es une incollable, dis donc !
quant à la chanson de Leni escudero, une merveille, une merveille !
Oh non, pas incollable, faut que je répète avant, que je vérifie, je les mélange toutes mais ça m’amuse, c’est vrai !
Et Leny, sa voix fragile, brisée, et sa douceur… Comme un vieil ami qu’on retrouve. Je ne connaissais pas cette chanson : j’étais contente de la découvrir.
Merci de tes visites, amie
c’est vrai, cher René, que c’est bien beau un orage un soir d’été à la campagne. Oui mais, les tcherchic (chauve-souris en arménien, car sur tempesdutemps on est volontiers polyglotte), qu’est ce
qu’elles font pendant ce temps là ? Mouillent-elles leur joli pelage et leurs belles ailes de soie au risque d’attraper froid, et ce qui s’ensuit, ou restent-elles à l’abri, privées alors de la
délicieuse – mais vitale – dégustation des moustiques, moucherons, mouchoirs, mouchards, moustachus et autres moucharabiehs ?
Oui, polyglotte, polyvalent et polyphonique… Touça ! Tu ne crois pas, grancapo, que les bats et autres murciélagos (éh éh comme la Lamborghini qui n’est pourtant pas une
souris aveugle) se réjouissent de l’orage en ceci que les petites bestioles sont beaucoup de sortie avant qu’il n’éclate ? Elles adorent la pluie, j’en suis sûre, car elles ne boivent
pas de vin, elles !
Les grands esprits se rencontrent dans les fracas de l’orage! cf ci-dessous:
Dimanche 1er août 2010:
Ce matin, orage violent dont les grondements couvrent le texte de l’Ecclésiaste sur les vanités lu lors de la messe célébrée à
l’abbaye bénédictine de Notre-Dame de Jouarre. Je trouve plaisant que les noms du Père, du Fils et du Saint-Esprit se perdent ainsi dans les rugissements de Zeus qui, à plusieurs reprises, lança
sa foudre très violemment.
Ces premiers mots si célèbres – « Tout est vanité » – ne sont pas du tout des paroles désabusées, mais précisément des paroles de
sagesse, des paroles corrosives, révolutionnaires. Nous courons tous après le bonheur, mais cela ne sert à rien, semble nous dire Salomon. La vie est pleine de mystère, et il nous faut accepter
ce mystère. Ce mystère qui nous dépasse, du début jusqu’à la fin, et surtout quand vient le moment de mourir, de tout quitter. Nous courions après du vent, après la vanité des vanités. Après ce
qui n’a pas de consistance, pas d’être. Nous voulions tout avoir, et nous avons oublié d’être, tout simplement.
(extrait des Mémoires d’une misanthrope à paraître aux éditions Le temps qu’il fait)
Mais qui donc a signé ces Mémoires d’un misanthrope ? Et comment, chère Véronique êtes-vous en possession du manuscrit dont la dernière feuille date du 1er août ?? Que de mystères ! Cet
(pour l’instant) illustre inconnu est habité par des pensées mystiques de haute volée et c’est un érudit, à n’en point douter. L’orage l’a emporté sur des chemins de réflexion profonde.
N’oublions pas d’être, tout simplement, même dans les orages.