C’est encore Warren qui avec son dernier commentaire sur Nicolas Bouvier – façon I once met qui décidément fait florès – m’oriente vers des paysages innatendus. Elle parle de sa rencontre avec Peter Ustinov, Paul Newmann et peut-être sa femme Joanne Woodward dans un bistro en Suisse; et moi, je passe de cette dernière (voir photo) à Mankiewicz (et j’ai toujours l’impression en écrivant ces noms qu’il me manque ou trois Z ou W ou K mais non, ça va, j’ai tout… ).
Je résume : en cherchant dans la filmo de Joanne Woodward, je tombe sur un message d’internaute disant que c’est elle qui figure sur le portrait de femme qu’on aperçoit dans Le Limier de Mankiewicz. Gloups, me dis-je, j’ai vu ce film un certain nombre de fois et ça n’a jamais fait tilt ! Je cherche, beaucoup, RIEN de RIEN, je ne retrouve même plus le message en question. Par contre, ça me donne envie de parler du Limier même si elle n’est pas du tout dans le film. Vous me suivez ? J’écoute mon inconscient quand il me souffle des trucs !
Le Limier, donc, de Mankiewicz est un film assez étonnant : quand on emprunte son labyrinthe, on peut s’y perdre, autant de fois qu’on le regarde. La première fois que je l’ai vu, la personne qui m’accompagnait s’est endormie. Mauvais signe, pensez-vous ! PAS DU TOUT ! C’est captivant et cruel, c’est fin et complexe, c’est un jeu à mort. Deux hommes que tout oppose – y compris une femme – se rencontrent et veulent se tuer ou plutôt anéantir l’autre, mais délicatement, finement, intelligemment (?). Et commence alors un jeu de faux-semblants, de mensonges, de ruses ébouriffant. Une espèce de jouissance intellectuelle à attendre, sans prendre parti – ils sont aussi désagréables l’un que l’autre – lequel coincera l’autre. Un truc à vous rendre sadique. Et l’on va de piège en traquenard dans un décor dingue où les automates tiennent une place capitale.
Et je pense soudain que jamais on ne verra la femme – sauf son portrait – comme dans le sublime Chaînes conjugales du même Mankiewicz… Ahhhh les absentes sont encore pires !
Allez, une méchante petite musique
En essayant de me remémorer Le Limier, je me suis aperçu que je confondais avec un autre huis-clos : Piège mortel de Sydney Lumet qui lui est de dix ans postérieur. A bien y
réfléchir, ma confusion s’explique : dans les deux films, la présence de Michael Caine et la rivalité mortelle de deux hommes à l’intelligence diabolique dans un huis-clos étouffant. Dans les
deux cas, ils ont une génération d’écart, le plus âgé ayant la conviction de son ascendant sur le cadet : Michael Caine qui est “le jeune” du Limier devient “le vieux” de Piège
mortel dix ans plus tard. Il n’a pas pu ne pas y penser.
Curieusement, le titre français LE limier est incompréhensible car il désigne quelqu’un mais lequel des deux personnages ? A la
différence de Sleuth (limier, détective), le titre original reste mystérieux. Qu’en pense Warren ?
Oui, très bon parallèle, de nombreuses parentés entre les deux films dont la présence de Michaël Caine, of course ! Lequel est écrivain dans Piège mortel alors que c’est Sir L. Oliver
dans Le Limier… etc. etc. Dans Piège mortel, il y a deux femmes – celle de Michaël Caine et la voisine voyante qui est étonnante ! Films à (re)voir absolument !
Mystère aussi pour moi que ce titre au singulier. Sleuth sonne bien, je trouve, comme un coup de fouet : si Warren peut nous éclairer, ce serait bien !