Blonde

2000 : parution en France de Blonde de Joyce Carol Oates. Pas rien, cette affaire : d’abord le pavé ! Pas loin de 1000 pages ! (Quand je pense à “mes” étudiants qui choisissent leurs livres selon l’épaisseur). Bon : Blonde, 1000 pages, en 1ère de couv. Marilyn Monroe qui dans le livre sera Norma Jeane, 4ème de couv. un visage très blanc, des yeux qui prennent toute la place, une étrange créature. J. C. Oates est étrange… une drôle de fille qui entre en Joyce-Carol-OATES.jpg
littérature – et qui y restera – avec exaltation, presque avec excès.
Si je l’écoute, j’entends un voix douce qui sussure des violences inouïes, qui parle pouvoir, féminité, sexualité avec une lucidité et un pessimisme parfois cruels. Vous savez la cruauté des enfants -comme chez Lewis Caroll  irrévérencieux et absurde –  qui disent ce qu’ils voient, sans fioriture, tout de go ! Pas de cadeau, sans pitié pour la nature humaine.
Ses livres racontent, sans tendresse,  une Amérique malade de superstition, de refoulement, obsédée par le sang, l’obligation de se battre pour exister, comme chez Faulkner qu’elle lisait toute jeune. Ça dérange mais c’est vrai. Ça n’est pas que ça, mais c’est ça aussi, c’est ça beaucoup, l’Amérique !
Et comme elle parle, cette Norma Jean, de sa vie intérieure et de sa solitude, de sa peur de la folie et de ses hommes… Comme elle fait parler la femme et l’artiste consumée par la quête d’amour, cet écrivain femme et artiste consumée par l’écriture… C’est beau à pleurer, poignant, vraiment.
 

“C’était une véritable artiste qui de film en film améliorait son jeu, sa présence. C’est, pour moi, un aspect fondamental du livre, montrer comment cette femme a vraiment travaillé pour être actrice alors que jamais personne n’a reconnu son intelligence, sa sensibilité, sa capacité d’imagination. J’ai voulu montrer ce versant de sa personnalité, l’indéniable talent qu’elle avait en dépit de sa timidité et de son manque d’assurance.” Extrait d’un entetien avec Catherine Argand – Lire – 2000


Et encore parce que ces mots sont écrits pour nous :

« Le sens de la vie consiste à s’immerger dans la beauté. Pas nécessairement à la créer. Mais à la rechercher, l’étudier, l’apprendre (si possible) de l’intérieur (…) Rechercher, étudier, s’immerger dans, s’entourer de beauté ; être conscient de sa dépendance envers ceux qui la créent ou qui, comme les interprètes, la recréent. Très peu compte en dehors de cela. » (Journal – 1978)

Allez,tiens, je vais courir m’acheter Fille noire, fille blanche et Nous étions les Mulvaney

 Pou pou pi dou 

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Alain Manuel
Alain Manuel
il y a 10 années

J’ai eu un poster de ses yeux innocents toute mon adolescence dans ma chambre.

C’était des yeux de femmes-enfants d’une pureté incroyable, sa beauté vient de là je pense

C’est une “Venus en Belier” en astrologie, c’est à dire dire, une femme profondement amoureuse quand elle aime, ça l’a tué.

“Venus toute entière à sa proie attachée”

TempesduTemps
TempesduTemps
il y a 10 années

Quand les femmes n’ont pas le droit ‘être belles ET intelligentes… Est-ce que ça a beaucoup changé ?

Oui, ces yeux si profonds, avec de l’inquiéude  : Allez-vous m’aimer ? dit-elle peut-être

warren
warren
il y a 13 années

J’ai beaucoup rit dans Some like it hot, Jack Lemmon merveilleux mais Tony Curtis n’est pas mon genre et il joue moins bien que Lemmon! Quand Marilyn est sur l’écran on est épaté par sa beauté …
mais elle était jeune.  Je suis gênée pour les actrices dont la beauté est liée avec leur jeunesse. Après 30 ans c’est ‘downhill all the way’ comme on dit! (le reste du chemin c’est la
descente)!
Elle chante très bien en plus! 
J’ai l’impression que la vie est moins tragique pour les actrices qui n’ont pas peur de vieillir comme tout le monde.  A ce propos, j’étais très perturbée quand j’ai vu des photos de ce
Kathryn Bigelow … je me suis demandée ‘elle a quelque chose d’inquiétant’ … oui, mutton dressed as lamb, voilà un magnifique expression, un plat de mouton préparé comme de l’agneau, ici jeu de
mot sur ‘dressed’, un mouton habillé en agneau. Ca va mal finir.  D’ailleurs gagné un prix pour un film de guerre ‘héroïque’ est gênant aussi … les gens vont voir le film et ça ne changera
rien.
 

TempesduTemps
TempesduTemps
il y a 13 années

Film cultissime, Some like it hot… ans se lasser. Sans compter (et c’est un homme qui me faisait la réflexion !) toutes les questions posées par les hommes dans la peau des femmes ; ça
n’a l’air de rien mais, c’est dit et comme c’est dit joyeusement, ça passe très bien.
J’aime beaucoup beaucoup l’expression avec mouton et agneau. C’est très fin ! Il faut que j’aille voir la tête de K. Bigelow… Je te dirai, Warren

Howard Hawks
Howard Hawks
il y a 13 années

Ce qu’on peut faire de mieux (entre autres choses) : (re)voir Gentlemen prefer blondes ! Quand vous voulez au ciné club du petit palais… 

horus
horus
il y a 13 années

L’histoire de la belle mais malheureuse Marilyn est connue comme l’archétype de celle qui a “tout pour être heureuse” (!?) alors qu’elle ne demandait qu’à être aimée. Son physique, aveuglant, (et
Hollywood) ne lui ont pas permis. Cette histoire banale et éculée l’enfonce encore davantage en la réduisant au rang de people-qui-mérite-son-malheur. Pour moi, ce qui la sauve de cette injustice,
c’est l’écouter chanter. Car, sans compter avec sa présence scénique, c’est une vrai chanteuse : elle a la voix, juste, chaude, expressive et envoutante, elle a le sens de la musique, du rythme, et
en plus, c’est une comédienne qui sait dire son texte, preuve de son intelligence artistique. Je reste étonné de la discrétion de sa carrière de chanteuse auprès du public et suis convaincu qu’avec
un physique moins démonstratif, l’authentique interprète qu’elle est, aurait été reconnue. Une injustice de plus. Qui d’autre qu’elle peut dire avec autant de conviction et de malice “Diamonds are
girl’s best friends” ? Essayez de l’écouter en imaginant une inconnue et vous reconnaîtrez une magnifique artiste.
Qu’en pense J. C. Oates ?

TempesduTemps
TempesduTemps
il y a 13 années

Elle est quand même presque toujours présentée comme “actice et chanteuse”… Et elle chante dans la majorité de ses films. Mais sa plastique tient toute la place et … ainsi va le monde ! J’aime
beaucoup que l’on soit aussi sensible à ses immenses qualités de chanteuse, très près des textes même s’ils sont tartes dans l’ensemble. Quand l’oeil l’emporte sur l’oreille ! Dommage !

Brigitte giraud
Brigitte giraud
il y a 13 années

Ben oui, quoi mis à part cela ? La beauté des choses ?

TempesduTemps
TempesduTemps
il y a 13 années

La beauté des choses et la beauté des personnes, leur infinie diversité, leur mobilité. La beauté et le mouvement… Puissions-nous rester et avancer dans cette grâce d’être touché (et pas coulé) !

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