L’adieu à la femme sauvage – Henri COULONGES

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H. Coulonges, L’adieu à la femme sauvage
Roman poignant : une enfant allemande parle de « sa » guerre

Cet été, je parle avec un ami du livre d’Elena Ferrante, L’Amie prodigieuse que je viens de lire (sur les conseils enthousiastes d’une amie, prodigieuse elle aussi) et que j’ai trouvé très beau. Lui l’a trouvé à la gare – et je peux vous affirmer que ce n’est pas un roman de gare – et a bien aimé cette histoire d’amitié entre deux fillettes à Naples, fin des années cinquante. Puis il me dit : « As-tu lu L’Adieu à la femme sauvage ? L’auteur s’appelle Henri COULONGES. Je l’ai lu il y a longtemps mais je m’en souviens encore ». Jamais entendu parler. Beau titre.
Je ne sais pas que je vais plonger en enfer. L’enfer de Dresde en ce mois de février 1945. Comment parler de ce livre ? Raconter l’histoire ? Impossible et sans intérêt. La femme sauvage du titre, c’est Leni, la mère de Grete et de Johanna. Nous allons vivre avec cette dernière les quelques mois qui suivent la nuit où tout s’écroule alors qu’avec son amie Hella, elles sont au cirque.
Premières lignes : La dernière sensation dont elle put se souvenir par la suite après que tout eut basculé, la dernière sensation d’avant, fut la déception qu’elle éprouva au moment où les chevaux entrèrent sur la piste.

Ce cauchemar est ponctué de rencontres magnifiques, de tendresse, d’humour ; c’est la guerre et notre héroïne a douze ans. Une guerre qui n’épargne personne : pas plus de vainqueurs que des vaincus. De la haine et de la peur. Mais aussi quelques moments volés à l’horreur. Plus de « bon camp » ni de « mauvais » : uniquement le camp de la mort. Il y a de la défaite dans tout crime. Oui, ce livre est bouleversant, vécu et narré à hauteur d’enfant, une enfant allemande qui traverse des épreuves indicibles, qui jusqu’au bout, à Prague, tentera de sauver sa mère des ruines intérieures qui l’habitent. Johanna se bat, se débat. Parfois, elle est tentée d’abandonner. Il y a tant d’ennemis ! Mais d’autres enfants, son amoureux Franz, Josef un vieil ami de son père archéologue lui aussi, la psychiatre Milena, lui permettent de s’abandonner un moment à l’amour et à la confiance. L’abandon…

Dernières lignes : […] En entendant cela, la femme se mit à trembler. On les fit reculer vers la ligne des réverbères. Johanna eut l’impression que la foule s’était tue, ou que leurs cris s’étaient perdus dans des contrées inconnues qui ne la concernaient plus. Elle serra plus fort la main de la femme et la leva bien haut, enlacée dans la sienne, vers le soleil.
C’était comme si elle entrait lentement, au bras de Leni retrouvée, dans l’éternité.

https://vimeo.com/116336220

Henri COULONGES : L’Adieu à la femme sauvage – Stock, 1979 –  Livre de poche  janvier, 1981

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