Le bitume vient à ma rencontre. Cela se passe lentement et rapidement. Soudain au sol, comme un animal. « La métamorphose des cloportes » sont les mots qui s’imposent instantanément à mon esprit. Je sais que c’est un livre et je pense à Kafka mais cela ne colle pas. Il faudra vérifier.
Je ne suis plus bipède. Face à terre, je perds la face dans un monde à l’envers. Je suis comme une tortue sur le dos.
Retrouver la verticalité dans un enchevêtrement de membres qu’on ne sait plus ranger, douloureux de surcroît.
Retrouver la marche… je sens bien que le corps n’obéit pas, que la respiration est anarchique. Claudiquer en tremblant. Lutter contre le malaise en comptant les points atteints. Une sensation d’humidité au genou droit, du sang peut-être. Les mains, points de réception font mal aussi mais comme des petits bobos d’enfance. Le pire, c’est le pied gauche : il ne me porte pas, contrairement au droit qui lui, fait son travail.
Les genoux sont couronnés : eux au moins sont rois.
Regarde les hommes tomber. Musique Alexandre Desplat, compositeur de musiques de plein de beaux films. Petite touche personnelle : les femmes aussi tombent.