Spécial dédicace à mon ami photographe, le bon génie de ce blog, Philippe P. PELLETIER.
Parfois, cela vous frappe l’œil, presque littéralement. Vous regardez, happé par une autre regard : celui du (de la) photographe. Vous devenez son œil. Celui de Jean BIZIEN, par exemple pour cette photo prise à New-York en 1951. Une ascension aggravée par les gratte-ciels, une contre-plongée aspirante. On suit le chapeau, la valise, l’homme qui porte.
Un autre œil, celui de Pierrot MEN vous emmène à Madagascar : ici, plongée dans les ombres. Le photographe est chez lui ou en terrasse. Il est tard ou tôt, les ombres portées sont longues et leur contour est plus précis que les sujets. Sujets ou objets ? Photo double : sujets et ombres. Doublement aussi du mot : pousse-pousse – étrange nom pour un véhicule tiré par un humain. Peut-être l’un doublera l’autre bientôt.
Que d’histoires dites dans une seule image ! Et pourtant, cela n’est arrivé qu’une fois. Une photographie se trouve toujours au bout de ce geste ; elle dit ça, c’est ça, c’est tel !
La photographie n’est jamais qu’un chant alterné de « Voyez », « Vois », « Voici » ; elle pointe du doigt un certain vis-à-vis et ne peut sortir de ce pur langage déïctique*
Et encore : […] telle photo, tout à coup, m’arrive ; elle m’anime et je l’anime. […]
Roland BARTHES, bien sûr dans La Chambre claire – Note sur la photographie – Cahiers du Cinéma, Gallimard, Le Seuil, 1980
*déïctique pour les non initiés (dont je faisais partie) : qui sert à énoncer, à montrer.