Chouette pays, les States – comme disent les gens branchés ! Beau, vaste, démocrate… Comme nombre de pays, ils ont leurs pages noires (sans jeu de mots).
et l’histoire de Voyageurs de la liberté est à la fois noire et blanche.
Hier, en ce 10 mai, commémoration de l’abolition de l’esclavage, j’avais une pensée pour ces activistes, les Freedom Riders. Mai 1961 : bien que la loi ait annoncé la fin de la ségrégation dans les transports, les noirs sont encore relégués au fond ; ils ont aussi ” leurs ” salles d’attente. Alors, répartis en plusieurs groupes, hommes et femmes, blancs et noirs, ils prennent des bus des lignes régulières et veulent rallier le Sud profond. Un objectif : faire appliquer la loi. Un credo : la non- violence.
Au 11ème jour de voyage, ils arrivent à Anniston (Alabama), une foule attaque un des bus et crève ses pneus. Obligé de s’arrêter, il est alors attaqué à la bombe incendiaire par la foule qui l’avait suivi en voiture. Le bus est en flammes, la foule bloque les portes pour que les freedom riders brûlent vifs. Un agent du FBI réussit à ouvrir les portes. Les militants sont violemment battus alors qu’ils tentent de s’enfuir.
Ils le disent, les gars du Sud : ” Nous n’accepterons jamais l’intégration raciale ” ” On les hait ” .
Un autre bus du freedom ride atteint Birmingham, les militants sont battus par des membres du Ku Klux Klan protégés, eux, par la police. Le bus suivant arrive peu après et ses passagers sont tabassés à coups de battes de baseball, de tuyaux en fer et de chaînes de bicyclette. ” Négros, communistes, à mort ” La police n’arrête les militants que lorsqu’ils sont bien écrabouillés. À Jackson (Mississipi), elle les emmène en prison ” pour leur sécurité “. Et l’histoire continue…
P.P.S. important : il existe un mouvement de freedom riders palestiniens.
P.S. : pour ceux que le mouvement de Mai 1961 intéresse (clic droit ouvrir) je joins deux videos : http://www.youtube.com/watch?v=HuZQkl09Jho
Commentaire (d’aujourd’hui !) d’un des films proposés :
What did the agitators expect ! The police had to restore civility. MLK was an instigator and brewed trouble everywhere he went ! What is so wrong with separate but equal ?
Aujourd’hui donc ce sentiment de peur et d’incompréhension persiste : pourquoi changer ? Tout était tranquille avant – donc normal ! Qu’y a-t-il de mal à nous vouloir séparés bien
qu’égaux ? Comme toujours chez les radicaux, les réponses sont simples – donc convaincantes. Le problème vient plutôt des questions qui sont mal posées.
Il ne s’agit apparemment pas d’un agité de la bate de baseball mais on comprend d’où il parle. Pour lui, la situation est simple : les agitateurs ne peuvent avoir raison, s’ils étaient restés
chez eux, il ne leur serait rien arrivé. Toute autre explication est dérangeante est irrecevable parce qu’il reste accroché au ” normal ” d’avant, celui de ses parents. Il suffirait qu’il écoute
le point de vue de ceux d’en face mais ça n’est pas possible puisque ” chacun à sa place “, c’est dans son éducation.
Le problème, c’est que ces gens votent, et les politiques ont besoin de voix (quelles qu’elles soient), car il y a toujours une élection prochaine. Ils ont donc la nécessité de les caresser dans
le sens du poil, ou au moins de ne pas les envoyer dans le camp adverse. On l’a bien vu dans cette affaire des Freedom Riders où Robert Kennedy a hésité un long moment avant de mettre les mains
dans le cambouis. Il avait du mal à défendre ces gens qui allaient en toute connaissance de cause se jeter dans la gueule du loup. La question était pourtant simple puisqu’il s’agissait de faire
respecter une loi fédérale par les états du sud ségrégationnistes (c’est tout ce que réclamaient les Freedom Riders !). Il a quand même fallu envoyer la Garde nationale, les polices locales étant
souvent partiales ou sourdes.
Le paradoxe, c’est de se dire que si les Sudistes fanatiques étaient restés chez eux avec leur bate de baseball, les Greyhounds auraient atteint La Nouvelle Orleans sans que personne ne l’ait su
et le mouvement aurait fait un flop. Le résultat n’a été obtenu que grâce au fanatisme et à la violence des excités sudistes. Qui étaient prévisibles.
Mais avec un peu de chance, la police serait intervenu. Il y avait quand même provocation : des nègres assis à l’avant du bus, faut pas exagérer !
C’est vraiment que pour les agités du sud, ça a plutôt été contre productif. Bob Kennedy a pu ainsi faire une prophétie : ” Un jour, nous aurons un président noir “, pas mal en 1961 ! Tu imagines
la tête des racistes d’Alabama ?
Pendant les évènements, l’un d’entre eux dit d’ailleurs : “on nous demande de changer !!”
Merci pour ces éclaircissements, toujours préciser le contexte, penser à ceux “d’en face”.
Terribles, ces deux vidéos. J’ai tout compris, mieux si cela avait été en français, (ah mon incompétence !), mais avec ce que tu dis dans ton billet, oui, on s’en sort. Merci encore de cela. Je
ne savais pas. Ca sert aussi à ça, les blogs, et le tien, à découvrir ou à rafraîchir la mémoire sur des faits importants.
Les freedoms riders palestiniens, c’est aujourd’hui. Ca aussi, c’est pas rien !
Je ne me souvenais que des grandes émeutes de 1964 à Atlanta surtout parce que j’étais un àage de comprendre. J’ai découvert ces Freedom riders l’autre soir, dans un docu très bien fait
et leur dignité m’a bien émue.
Je vais aller à la pêche aux info pour ceux de Palestine et vous tiens au courant. À suivre.