À Nana
Je convoque l’enfance…
Elle rutile toujours.
Elle a des ailes et des épines.
Elle rutile et clame sa présence.
Je l’appelle à la barre
et la mets en demeure
d’incendier nos mémoires.
Je convoque l’enfance,
ses cerises aux oreilles,
ses oreillers en plumes,
son piano, ses jeudis,
sa tiédeur et ses livres.
Mais parfois elle amène
ses blessures et ses fouets,
ses peurs éclatantes,
ses scorpions chorégraphes
et ses cactus géants.
Malgré sa barbarie,
je convoque l’enfance.
Elle vient, avec ses cicatrices roses,
d’on ne sait quelle terre
improbable et frémissante,
précédée de la poussière pâle des tamaris.
Puis elle s’en retourne,
déposant son incroyable legs
dans mes bras incrédules.
6 décembre 1997