FÉVRIER
Joignant l’ultime à l’agréable, tu partais sans bruit le matin très tôt. Je faisais accorder mon piano.
Même si ce vide stupéfiant nous était imposé, nous n’aurions su en être privés. Il fallut jongler avec nos ambiguïtés, faire qu’elles deviennent paradoxes.
La froide nuit de février enrobait la maison musicale. Mais aussi, la musicale nuit de la maison froide enrobait février. Et puis, peut-être, la maison froide de février enrobait la nuit musicale.
Toujours est-il que par courrier je t’envoyais des rêves prémonitoires et des questions et je t’enrobais, des flocons de neige plein la bouche, ère de glaciation.
En attendant la fin, je gambadais capricieusement, décidais fermement, sentençais rapidement ; en somme, je ne faisais rien. Je t’envoyais encore des gambades, des sentences et des riens…
Ce matin entendre les grues avant de les voir, nous, fouillant le ciel et elles aussi, vers le Sud. « Grrrou-grrrou » gentil cri comme un salut. Elles passent enfin, de ce vol mystérieux, régi par les vents et les courants, gracieux… Puis elles s’éloignent.
Allégresse totalement respectueuse de ce voyage.