Quelqu’un dont on peut parler, que l’on évoque ou convoque parfois, l’irréalité devient chaque jour plus flagrante. “ Tu as un fils “ me dit-on… Ce présent me comble et me gêne. Il y a du très vrai et du faux dans cette assertion, comme si un tour de passe-passe langagier pouvait enrayer le réel, le terrible réel. Jouer avec le joug de la conjugaison.
Quelqu’un dont on constate avec étonnement la longue absence, quelqu’un dont on regrette éperduement l’absence définitive.
Pendant quelques mois après son départ, j’ai pu lui écrire. Maintenant, c’est impossible.
C’était un espoir fou d’un retour fou, c’était l’appel d’un retour. C’était conjurer, tenir à distance l’invraisemblable, c’était ne pas cesser de lui parler, dire “tu“ et s’épargner l’insurmontable silence. Ce n’est pas son silence qui est redouté – il est très probable – mais mon propre silence intérieur.
[Je tète les souvenirs jusqu’à plus soif.]
*§§*
Le regard, oui, Claire, notre regard intérieur, voilà ce qui compte.
Ils en vivent et nous en vivons.
Une intériorité à extirper parfois, en douceur, par égard pour nous tous, eux et nous.
Des signes que l’on s’envoie, en douce.
Merci, Christine, du signe.
Les mots me manquent car je ressens un peu les mêmes choses…. Avec tout mon amour de fille.
Entre nous, ma Clarisse, des regards de partage, des “compris sans parler” , Comprendre dans les sens Prendre avec. Partage, partage aussi des joies du chien
pêcheur et des clapotis de l’âme. Seules ensemble. Toujours.
Je lis… c’est pas tellement nécessaire de déposer ses mots après les tiens que je serre.
Pas tes mots, ta présence, ton écoute, ton “être-là”si précieux. Passer le témoin… Je te serre aussi, si belle.