Personnage de fête, 1963
Oui, j’aurais aimé écrire un billet splendide, éclatant, » beau et mien « … Et puis mes yeux se posent sur ce catalogue d’Henriette Lambert que je dois rendre et puis et puis … ce sont de petites choses têtues qui m’entêtent, des objets patients, une douce détermination, couche après couche jusqu’à ce que l’immatérialité et l’essentiel soient là : haïku pictural. Toiles investies par le ciel, objets volants qu’aucune rationalité n’atteint, hélicoptère, cerf-volant etc. Et pardon pardon pour les reproductions qui sont si loin des vraies couleurs !
Et je suis reconnaissante de ce que j’éprouve à regarder cette peinture : la tendresse. J’essaie d’imaginer la femme, seule dans son atelier, dans sa vie : elle peint, peint et peint encore des Petits objets solidaires, 1970.
Elle se dit manuelle ; on voit bien qu’elle l’est mais au-delà de la main, on voit bien que la main sert la vision avec modestie, fidélité et constance ; mais elle nous emporte haut, là où l’on perçoit la rondeur de la terre. Et soudain, on est gagnés par une grande joie intérieure.
P. S. : Et pour mon amie peintre et madrilène qui sait sans doute qu’Henriette Lambert fut pensionnaire à la Casa Velasquez, ceci :
Exultation is the going
Of an inland soul to sea,
Past the houses – past the headlands –
Into deep eternity […]
Emily Dickinson
L’exultation est le chemin
D’une âme intérieure à la mer,
Qui longe les maisons – qui longe les promontoires –
Vers une profonde Eternité […]