Un dimanche soir, il y a une poignée de jours ; fait gris et chaud mais nous sommes près de la rivière, avec l’amie Mum. Nous avons un peu marché dans la forêt, nous sommes fait dévorer par des insectes très collants. Nous nous sommes assises un moment. Elle dit : Tu vois, ce qui serait beau, là, c’est voir une biche dans la rivière.
C’est vrai, ce serait une quasi apparition. Qui ne survient pas.
Avant de partir, je lui propose de regarder de plus près un très joli coin, maintenant » embarbelé » (merci, les chasseurs !) où nous allions avec les enfants, autrefois.
Et là, le miracle se produit : une petite forme, d’abord mobile, ensuite totalement immobile, puis deux, puis trois, nous allons compter ainsi jusqu’à six faons… Le regard rivé vers nous et nous, hypnotisées par eux. Tous soudés par le croisement de tous ces yeux.
Ils avancent doucement , mangent un peu, puis relèvent la tête, inquiets et nous regardent.
Nous chuchotons.. puis ne disons plus rien, happées par la grâce absolue des bêtes et de l’instant.
Une va dans la rivière, seule, et se retourne (exactement comme sur la photo de F. Ribeaudau), vers nous, vers ses frangin(e)s.
Ils disparaissent dans le bois.
Le rêve est passé.
Et dans la persistance rétinienne : six jeunes faons.