Extrait de Le Calendrier oublié in L’Aveu des nuits – Editions des Vanneaux, 2017
SEPTEMBRE
Allons-nous déjà, en septembre, écouter Le Voyage d’hiver ?
Déjà oublieux des dénuements de l’été, allons-nous si tôt nous habiller de boue ?
Raidie dans mes gestes, bâillonnée, je recule, tortueuse, chargée de pluies et de secrets, torturée… Au ralenti.
Comme un testament… l’automne comble les uns, dépouille les autres, opulent, croulant de fruits blets… Luxueuse agonie : l’automne est une mort de riche.
Saison excessive, du liseron ravageur aux figues éclatées, écarlates. Le ciel abuse en alternant gloires lumineuses et assombrissements soudains. Saison décadente : quand cesserons-nous de mentir aux peupliers, à nous-mêmes ? Jusqu’au vent charlatan qui toujours nous détourne et nous distrait, dore la crête des vignes…
Soudain, dans cet évident désordre, le souvenir d’un geste blanc, absolu, absolution.
Tout peut recommencer avec son cortège de voix comme des traînes de mariée, ses alliances scellées, ses sourires d’autrefois… Si l’on pouvait ne garder que le plus beau des êtres, certains gestes, ceux de l’Amour, quelques regards en étincelles, en verres brisés, en coups de cymbales !
Parlez-moi. Je suis libre, j’attends sans méfiance. J’attends les lucioles.
J’attends que les portes s’ouvrent en grand sur des mascarets de lumière, flèches urgentes volant droit au but, musiques argentées, acuité… VACUITÉ.