Vous savez, de ces cartes qu’un peu honteux on poste furtivement au retour parce qu’on n’avait pas de timbre ou d’enveloppe, parce qu’on avait oublié son carnet d’adresses ou que jamais on ne passait devant une boîte à lettres. Certain(e)s se reconnaîtront…
D’abord, il faut trouver le lieu de villégiature (aller, séjourner à la campagne), il ne s’offre pas comme ça ; on en traverse des campagnes, des rivières, des départements, des champs de tournesols. Et puis au bout d’un chemin dont il ne faut pas rater la tournée, le moulin est là. La petit maison où nous logerons lui fait face, lui rive droite, nous rive gauche.
On dit que c’est ici que Ravaillac prépara l’assassinat d’Henri IV. Dans une autre maison, blanche et d’un style bizarre avec une façade arrondie, rive gauche aussi, il y eut bien plus tard une tannerie. Bureau du patron au premier et atelier des ouvrières en bas. Dans le paysage, elle détonne complètement.
Et dès qu’on arrive, on sait qu’on sera bien ici : l’eau chantonne sa petite gamme aux renouées, aux étoiles d’eau, aux joncs de chaisiers et surtout aux magnifiques salicaires. Les libellules vaquent et le soir, c’est un superbe ballet d’hirondelles montrant leur ventre blanc et chipant l’eau d’un frôlement. Devant la maison, un banc. Devant le banc, la rivière qui fait ici une vasque et continue sa vie plus loin.
Je peux me baigner accompagnée du chien, bien sûr ! Plaisir et luxe, on n’en croit pas notre chance et on ne boude pas notre plaisir !
Le bain Photo Clarisse Méneret
Il y aura d’autres cartes postales : si nous sommes très bien au moulin, nous irons explorer les environs et vivrons de jolies aventures, lirons de chouettes livres trouvés dans des endroits insolites et nous perdrons volontairement dans les campagnes avoisinantes. En attendant, voici « À chanter sur l’eau » transcription par Liszt d’un lied de l’ami Franz.