HALTE À TOUT 2

Suite et fin d’une longue jérémiade : on ne peut se complaire dans la plainte. Je retourne à mes arbres et mes plumes , mon bout d’automne en juillet, à la lumière.

Je vous avais prévenus. Tellement saturée par la vilenie de ces temps : il faut dire.
Est-ce parce que je vieillis ? Était-ce mieux avant ? Parfois, je crains de devenir aigrie, négative, de ne voir que les mochetés du monde. Ce qui me rassure – façon de parler – c’est qu’autour de moi, et pas uniquement les vieux, beaucoup déplorent l’incroyable médiocrité ambiante.
Ce n’est pas dans la rue ou au magasin : là, les gens sont plutôt gentils, on peut parler un peu. Bon, il faut bien parfois forcer un peu la main pour traverser la rue aux passages cloutés. (Mon astuce : lorsqu’une voiture arrive trop vite, j’avance comme si j’allais passer, je fais semblant. C’est bête mais ça me fait ricaner.) Et puis là, c’est facile de fuir les fâcheux.
C’est ailleurs, dans les merdias que cela déferle.
Non, mais franchement, vous avez vu la tronche des influenceuses ? Font peur, non ? Parfois, elles en meurent, juste pour se faire refaire le nombril.
Influenceuses, rien que le nom m’amuse. C’est terrifiant.
Dans les mises en scène d’eux-mêmes, les influenceurs et consœurs touchent à tout tout : la mode, l’alimentation – tyrannie de la minceur – le rangement (si si), jusque là on peut en rire. Mais le plus grave, c’est lorsque ça touche la diffusion d’idées biaisées, malveillantes ou toxiques. Et cette désinformation, cet enfermement dans des bulles  » informationnelles  » sont hautement dangereuses : les lecteurs et lectrices de ces parasites accordent leur confiance et ne pensent plus du tout par eux-mêmes. DANGER !

Mais j’y pense, certains zommes d’état sont exactement comme les influenceurs !
Le gros butternut d’outre-mer relève de cette catégorie. La fascination qu’il exerce sur une partie de son peuple ressemble furieusement à un baratin violent et infondé. Son vocabulaire se limite à une centaine de mots. C’est affligeant et plus grave encore que les zozos payés par des marques ou des gens influents. Mais pas la peine de traverser l’Atlantique.

Je lis aujourd’hui que dans la bonne ville de Moulins a lieu un pestacle  » culturel  » intitulé Murmures de la cité financé, entre autres, par un certain Pierre-Edouard STERIN, catho-identitaire ; c’est une fresque pseudo historique révisionniste et anti-républicaine durant laquelle sont glorifiées toutes les figures du passé saintes, royales, impériales. Je n’ai pas le crédit photo pour montrer la façade du lieu où cette chose a lieu mais je l’ai vu : trois drapeaux nazis ornent la façade. Pour une manipulation mensongère de l’Histoire, on trouve le pognon alors qu’ailleurs tant d’aides à la culture sont froidement zigouillées.

Dans un autre registre, et parce que j’ai beaucoup de paperasses à faire ces temps-ci, je suis effarée par les dédales informatiques obligatoires que je dois emprunter. C’est désespérant d’autant qu’on sent bien que ce casse-tête bureaucratique est un instrument de domination d’inspiration néo-libérale et je pèse mes mots. Mille huit cents CERFA ! Ma doué ! Et les Urssaf et les Doctolib et les mots de passe reçus par SMS, et – j’ai été épargnée – le cauchemar de Parcoursup : tout cela relève de la maltraitance.

Je pense alors au livre de Harold SEARLES, L’effort pour rendre l’autre fou et je comprends pourquoi les sectes, les religions, les gourous et théoriciens  en tout genre ont de nouveau le vent en poupe. (J’ai vu le documentaire glaçant Les évangéliques à la conquête du monde). Outre l’argent empoché par ces faiseurs de croyances, ce que je trouve le plus attristant ce sont les raisons qui poussent les plus faibles à trouver refuge auprès de ces faux sauveurs : l’injustice, la corruption, la pauvreté, le chômage, le désespoir…

Alors allez-y : enlevez des mots aux livres d’Agatha Christie et d’autres, enlevez des livres des bibliothèques, virez les scientifiques qui tentent de s’exprimer, faites taire les intellectuels qui essaient de résister. Allez-y ! Faites de la communication au lieu de politique, tondez les moutons et enfermez les pauvres, tuez les affamés, frottez vous les mains avec vos  » deals « , TUEZ TUEZ le vivant.
Poussez le monde au suicide.

Jusqu’au dernier souffle de vie :

Et merci à mes filles (grande et petite) et aux amis : quand on a que l’amour et tant qu’on a l’amour…

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