J’ai exagéré l’autre jour (Billet 396 – RIEN). Ce néant n’existe pas. On peut être anéanti mais c’est éphémère.
Par exemple, l’autre matin, direction le lac, un des lacs, le plus proche, le gentil, celui dont l’eau rousse accueille tout. Le terrain de pêche du chien qui ne pêche rien mais joue à pêcher.
On emporte un livre, celui avec lequel on aime s’ennuyer en ce moment. D’ailleurs, on ne lira pas.
On regardera la vie des nuages car il y en a aujourd’hui : ça rend le ciel bien plus intéressant.
On aura des pensées douces et des envies d’abricot.
On regardera barboter les enfants et on barbotera avec. Du coup, on se souviendra des barboteuses.
On trouvera des algues qui couronnent, on brassera et pas des idées ni des brassières (celles qui allaient avec les barboteuses), on brassera si lentement que le corps deviendra l’eau et qu’on oubliera qui on est.
Toutes les idées solides et dures se liquéfieront et iront retrouver les petits poissons pourchassés – jamais attrapés – par le chien. Même un rire serait trop. Le sourire des algues, des idées liquéfiées et des abricots, de la vie sans mot, ce sera ça la vie. On se trouvera sans importance. Au moins, ce matin-là…