J’ai beaucoup cherché – en vain – un chant de Taos Amrouche, le merle blanc de Kabylie. Trouvé que des videos. Trouvé aussi une chanson de Juliette Gréco dont les paroles sont magnifiques.
C’est une expression bien jolie et je la dédie à mon amie Sacha.
Promenade, jour de grande pluie, pas un chat au parc mais… un oiseau blanc, une merveille d’oiseau blanc, fin et délié. Une apparition. Un fantôme d’oiseau. Je n’en reviens pas, je laisse le chien filer, j’essaie de suivre l’oiseau qui prend plaisir à me semer. Puis il disparaît. Retour à la maison, direction les livres d’oiseaux : pas un seul ne correspond à ce que j’ai vu. J’en parle à Sacha qui me dit qu’une fois elle a vu un merle avec quelques plumes blanches. Mais le mien était entièrement blanc.
Il s’avère que c’est un merle albinos, très rare – d’où l’expression.
Et puis, je me suis souvenue d’un petit hôtel à Caudéran, juste en face de la gare ; il m’a toujours intriguée par son charme désuet.
Il existe depuis longtemps et résiste à la normalisation-standardisation-disparition.
Il est posé là, en face de la gare, comme sur une place de village. Qui y vient ? On imagine un voyageur fatigué descendant d’un train le soir et trouvant refuge dans cet espace préservé, hors temps hors lieu, montant dans une chambre toute propre avec de vrais draps blancs et odorants, le nid du merle blanc… On voudrait savoir, on se dit qu’un jour, on poussera la porte. Nous sommes tous des merles blancs.