Je préparais ce billet hier… Des tableaux de Nice y figurent. En dire plus est inutile.
Arbre miracle des oasis, arbre au nom d’oiseau immortel. Arbre généreux, tu donnes tes fruits dont les hommes tirent miel, vin et farine, tes feuilles qui couvrent les toits, ton tronc qui résiste au feu. Tu sais, comme le chameau, garder l’eau pour ta survie.
[…] Un beau palmier vaut un jardin. C’est tout un monde. Des arbres fruitiers croissent sous son ombre ; des tribus de lézards et d’ouranes l’habitent; des tourterelles nichent au creux de ses écailles; des bandes d’oiseaux y chantent continuellement, même aux heures les plus chaudes du jour. Il est plein de ramages et de parfums, de lumières et de couleurs. Il est la chanson vivante de ces solitudes. Sans cesse, il vibre comme une grande lyre aérienne. Tantôt ses feuilles crépitantes imitent les gouttelettes d’une ondée, et, dans cette aridité implacable de la terre, il donne à l’homme altéré la sensation de la pluie rafraîchissante ; à d’autres moments, il module sur une note ténue et plaintive les souffles les plus insaisissables de la brise. Parfois, lorsque le sirocco l’assaille et rebrousse les larges éventails de ses bras, il sonne tout entier jusqu’à la racine : c’est le fracas d’un navire dont les antennes gémissent et dont les voiles tendues s’arrachent et grondent sous les coups de l’ouragan… Le palmier est une plante sacrée !
Louis Bertrand (Texte trouvé sur un site des anciens de Marrakech)
Mais le monde est partagé en deux : ceux qui ont vécu avec les palmiers, des palmiers dattiers de palmeraie qui tapissent leur rétine, qui en connaissent l’étonnante fibre et les troncs fins, rugueux et élancés… et les autres : ceux qui connaissent les palmiers d’ici – on en voit partout maintenant – mais qui ont eu des tilleuls ou des pommiers dans leur landau. Ci dessous, un petit DUFY
Pour les premiers, le palmier n’est pas exotique ; il peut abriter une sorte d’écureuil appelé rat palmiste. Il donne des dattes exquises dont une variété se nomme deglet nour, c’est-à-dire doigt ou rayon de lumière. Ses branches sont comme d’immenses mains pleines de doigts de lumière ; les palmes sont des paumes.
Quand je vois cet arbre en France, je ressens son exil, sa solitude. Je le vois comme l’accessoire d’un décor de cinéma ou de peinture. Comme chez Manet, serré dans sa serre, lointain, dépaysant, étranger (ci-dessous). Il s’ennuie sans lumière, sans vent, sans chaleur. Mais c’est sans doute que j’ai trop vu de belles palmeraies, sous des cieux aux couleurs indescriptibles !
J’ai trouvé une photo (toujours sur le site des anciens marrakchis : merci Nana) qui se rapproche beaucoup de ce qui est dans ma mémoire.
Pour la musique, ces gnaouas magnifiques ne sont bien sûr pas ceux de mon enfance, place Jema el fnaa (rendez-vous des trépassés) mais l’esprit est là. Laissons à la musique les derniers mots. Qu’elle porte notre émotion.
Dans le vent, les palmiers de l’Atlas époussettent les étoiles. Sylvain TESSON Aphorismes sous la lune et autres pensées sauvages