Finalement, que dit-elle cette vieille chanson ? Qu’il ne faut pas qu’une fille aille danser toute seule sinon elle perd sa ceinture dorée. Sa ceinture et le reste… Bon, le pont s’effondre, elle en meurt même si c’est son frère qui l’a emmenée. Continuez l’interprétation et cherchez l’erreur.
À l’origine de ce billet, l’invraisemblable, l’incroyable, la terrifiante histoire de Cologne et d’ailleurs (d’ailleurs). C’est le scénario de la violence faite aux femmes, au corps des femmes qui continue, scénario qui n’est pas religieux, qui est transculturel : et ici se joue la reproduction patrimoniale, le contrôle de la sexualité féminine. Deux intellectuelles en parlaient l’autre jour (Véronique Nahoum-Grappe et Arlette Farge) et semblaient sidérées par ces événements. Si elles tombent d’accord pour dire que le XIXème siècle a été une horreur totale pour les femmes, elles parlent ensemble aussi pour dire la régression actuelle : le silence qui a entouré cette violence collective les sidère, le manque de solidarité les sidère, la possibilité que la violence contre les femmes continue d’être une arme les sidère. Véronique Nahoum-Grasse cite Mélanie Klein qui disait si bien qu’on hait ce qu’on désire. Le corps de la femme, continue-t-elle, met en danger, en suspens les hommes. Selon les époques et les pays, c’est toujours : Cachez ce sein, cachez ces cheveux, cachez ces dents, cachez votre visage sinon… Va vous arriver des bricoles et vous l’aurez bien cherché ! Cachez tout.
Il y a régression parce que, la peur aidant, nos pauvres acquis tombent en miettes. Même si j’avais 20 ans, je ne partirai plus en voyage seule aujourd’hui. Je l’ai fait. C’était en 1970.
Beaucoup à dire encore mais j’arrête là la sidération ; écoutez bien la petite chanson enfantine, ce n’est pas une chanson sur la désobéissance, c’est une chanson du XVIIIème siècle sur la violence faite aux femmes.
Et pourtant, la Victoire (qui soutient ce qu’elle avance comme disait mon père en parlant de Jayne Mansfield, oui, bon…) et la Liberté, sont des mots féminins. Allez, on s’accroche.