J’ai jubilé à voir ces deux funambules, tellement en phase, avec leur quarante cinq idées à la minute ! Un régal de tous les instants. (retransmission du concert de Jazz à Vienne 2012)
Mon rêve : voir sur scène, en vrai, ces deux géants légers, virtuoses souriants si raccord sur les accords, où l’air qu’on respire devient musique.
Comment se retrouvent-ils, en fin d’une phrase ébourriffante ? Comment ne se perdent-ils pas dans leurs croisements, collisions, télescopages ? C’est qu’il ne se perdent jamais d’ouïe (comme on se perd de vue) : ensemble, en compréhension totale du monde musical du compère, à l’écoute de l’autre.
Bobby Mac Ferrin, comme il le fait souvent, fait chanter le public ; c’est pour se faire pardonner puisque durant le morceau précédent il l’avait empêché, d’un CHUT ferme et définitif, de taper dans les mains ; sans doute était-ce trop dangereux pour l’exercice solo, a capella dont il nous gratifie. Lui, sa voix et son corps, contient tous les instruments.
Chick Correa, c’est le ruisseau, le torrent, la syncope avec un sourire de chat qui joue, patte en éclair. D’élégantes finesses de matou.
Eux, le pianiste et l’homme orchestre s’ingénient à broder le motif, à se surprendre, s’attendre puis filer – la métaphore textile continue – le motif suivant.
Drôles aussi quand ils se présentent mutuellement et que Bobby dit My name is Mick Jagger
Et cette musique… venue d’un partout mélangé, d’une terre-rythme, élémentaire et complexe. De bien beaux musiciens, ensemble.