Le prélude n°2 de Chopin, celui que mère et fille jouent dans le film de Bergman, Sonate d’automne.
Un régal, cette saison. Tout est doux et généreux en automne.Tout s’arrondit et s’apaise, malgré les couleurs d’incendie. Et c’est comblés mais comme désenchantés que les yeux reçoivent ces excès.
On se repose d’on ne sait quoi. On n’attend plus, peut-être. Tout est arrivé. Alors on peut contempler sans agir, se laisser vivre au sens premier des mots. Se laisser vivre par la vie, se laisser traverser par le Temps, s’abandonner enfin. On peut encore se baigner mais sans excitation, on entre dans l’eau sans vouloir déranger. On marche sans but et sans fatigue. La qualité du silence, comme celle de la lumière, est particulière : une éclatante fragilité.
Vraiment non : l’automne n’est pas que le post scriptum du soleil !
Les herbes se couvrent
d’automne
Je m’assieds
Matsuo Bashô (1644-1694)
Dans Cris et Chuchotements, il y a une merveilleuse mazurka de Chopin (op. 17 n°4) mais il y a aussi cette prière fervente, cet adieu après quoi les mots sont inutiles.
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