Le monde est divisé en deux : ceux qui aiment les clowns et ceux qui ne les aiment pas.
Je fais partie de la première catégorie : certains me mettent en transe. Mais je suis difficile ! Je n’aime que les clowns dérisoires, moches et fous. Lorsque, sur scène, un monde naît d’un tout petit rien.
Le dernier clown que j’ai vu s’appelle Slava et je le dis tout net : cet homme est GÉ-NIAL. Tout est parfait : rien à enlever, rien à ajouter, LA PANTOMIME à l’état pur. Tout est là : la folle poésie, la grâce infinie, la démarche au millimètre, l’insolence, le ravage joyeux, la solitude abyssale. Ils sont très rusés et/ou très bêtes, naïfs et/ou vieux comme le monde. On atterrit sur une planète enneigée où se croisent Charlot, une espèce de lapins déprimés coiffés de chapkas, des pierrots tristes avec des nez à la Achille Talon, Marcel Marceau, Popov. Mais non, c’est l’addition de tous ceux-là PLUS un truc spécial : Slava et sa bande. Et tout ce petit monde a des choses à faire : des choses insensées, folles et absurdes, d’où les mots sont totalement absents, donc pleines d’autres langages. Il y a tant à dire sur les valises des clowns, pleines de rien(s)…
Un spectacle à pleurer toutes les larmes à l’intérieur et ça, dans un sourire. On comprend tout : les trains qui partent, l’absence, la peur, l’envie de tout casser, la tendresse, l’irrespect. Tout vole en éclats… de rire. Alors là oui, je suis superlative !
Horrible de choisir l’extrait : un des plus mélancoliques (on ne se refait pas) mais, pour les amateurs, il y a plein d’autres videos sur wat, youtube ou dailymotion.
Pour les passionnés, le spectacle complet :
On m’a raconté que lorsque j’ai vu le clown Grock – j’étais toute petite – j’ai ri à en être malade lorsqu’il essayait de pousser son énorme piano vers le tabouret. Ben voilà, je n’ai pas beaucoup changé.