Mon père avait une seule photo dans son portefeuille : c’était celle de Nefertiti. Un jour, il me l’a montrée et m’a dit : » Elle est belle parce que l’esprit souffle sur elle « . Étrange père, n’est-ce pas ? Mais quelle étonnante vérité à saisir au vol, comme une révélation, comme un secret, un vrai secret, un secret vrai. La beauté ? L’esprit ? le souffle ?
Nefertiti, ce qui signifie » La belle est venue » a généré bien des histoires, des écrits, des fantasmes. Les historiens, épris d’exactitude – et tant mieux – ne savent pas dire parfois : » nous ne savons pas « . Ce dont nous sommes sûrs (quoique… et l’artiste, hein, dans l’histoire ?), c’est qu’elle est belle d’un noble beauté et qu’elle porte un mystère derrière la perfection de son profil.
Et je ne sais pourquoi, tout à coup, la petite dame de Brassempouy fait écho… Elle s’appelle aussi La Dame à la capuche (-21000 A.C. quand même !) , une finesse, un bijou.
Je tire sur un fil, même pas chronologique, c’est le fil intime des liens, un petit chemin sinueux, qui sans doute se repèrerait, si l’on voulait. Non, en fait, je ne fais rien, je laisse venir.
Et voici qu’arrive l’ami Brancusi… et sa demoiselle de Pogany (je ne sais laquelle : il en a fait plein du même modèle). Le fil conducteur est peut-être la délicatesse.
Ou bien alors – trait d’union entre les trois dames – des silences enfouis derrière les yeux, derrière le dessin des paupières et des arcades, d’immenses silences de femmes, des plages de silence et d’humanité. Des présences absentes.
Ligeti pour la musique, je ne sais pas pourquoi non plus. Cela s’impose. Il est des jours d’ignorance.