Raymond Farina, le voyageur en tapis volant

À la découverte d’un grand poète : Raymond Farina

Comment remercier un poète ? Comment dire la joie pure que l’on éprouve à s’immerger dans son monde ? Pour ceux qui l’ont lu, l’évidence s’impose : c’est un grand poète. Je voudrais simplement ouvrir une porte à ceux qui ne le connaîtraient pas.calligraphie arabe

Ce qui frappe, chez Raymond Farina, c’est le côtoiement de l’infime et de l’immense, du précis ciselé et de l’ample souffle du monde. Ce qui embarque littéralement, c’est l’Orient déposé dans vos mains ;  l’orient ancien, rêvé, fantasmé et celui du quotidien de l’enfance à bras le cœur. Grand berger que l’on suivrait dans son épopée – Epos = poème poieîn = faire -, qui connaîtrait les chemins d’Ithaque, d’Ispahan et de plus loin encore. Du lointain géographique – peut-être la porte d’à côté – au lointain temporel : d’une éternité l’autre en passant par l’infime : quel voyage !

Comme il va m’être difficile de choisir un texte ! Tout est si relié, tenu en une vaste respiration, en mouvements de houle originelle – mère de naissance – balancée par une sensualité universelle et picorée par des oiseaux. Comment tronquer l’épopée ?

Moineau petit événement
moineau qui peux en te posant
changer le cours de la planète

 

moineau en qui Saba voyait
la sublimation du reptile
moineau pendu de Gombrowicz
moineau chinois de Neruda
en ton hécatombe terrible

 

merry sparrow  de William Blake
comme échappé d’une aquarelle
ou sparrow des Nursery Rhymes
qui cherche dans arrow sa rime

moineau de Mutis souverain
des silences du Mexuar

 

moineau sautillant dans Catulle
moineau malin moineau sublime
moineau témoin moineau victime

moineau qu’un soir à Mahdia
je vis dans le rêve des morts
dont la mer caressait les cendres

 

moineaux vous êtes ma raison
de rester & de m’en aller
vous qui faites tout lieu
où passe mon voyage
si semblable à celui
de la fable natale

Texte 5 de Une Colombe une autre – Éditions des Vanneaux, 2006

 Excusez mon intrusion, Raymond Farina, mais chez vous, je me sens chez moi.

L’universel, c’est le local moins les murs M. Torga

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